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Besoins alimentaires et agrocarburants, une dangereuse concurrence

Les cultures à destination des agrocarburants pourraient bientôt faire s’envoler le cours des céréales, au détriment de l’alimentation d’une partie de la population. Restons vigilants.

En 2019, la récolte mondiale de céréales est supérieure à la demande donc la ressource sera suffisante. On constate néanmoins que, dans certains pays, des agriculteurs consacrent une part de plus en plus importante de leurs terres à la production de maïs pour les agrocarburants. Cette culture est, en ce moment, plus rentable que le blé ou le riz. Selon l’International Food Policy Research Institute (IFPRI), un institut américain de recherches sur les politiques alimentaires, les prix des oléagineux, notamment du soja, du colza et du tournesol, devraient augmenter très fortement dans les années à venir.Il faut savoir que le bioéthanol et le biodiesel sont obtenus à partir du maïs et de la canne à sucre pour le premier, et à partir du colza et du soja pour le second.

Risque climatique

La baisse de la production de céréales, suite à une mauvaise récolte, peut engendrer des conséquences très importantes dans la mesure où trop peu de pays disposent de stocks de sécurité. Entre 2010 et 2011 des phénomènes climatiques extrêmes ont fait chuter les récoltes de blé en Russie, en Ukraine, au Canada et en Australie. De son côté, la Chine connaissait un hiver très sec. L’empire du milieu décide alors d’acheter des quantités considérables de blé sur les marchés internationaux. La céréale passe de 157 euros la tonne en juin 2010 à 326 euros la tonne en février 2011. Et en mars 2011, les prix des denrées alimentaires ont atteint un niveau historique.

Course à la rentabilité

Les pays arabes non pétroliers (Tunisie, Égypte, Maroc, Jordanie, Syrie, Yémen)ont été les plus touchés par cette inflation. Il faut savoir que parmi les 10 plus gros importateurs de blé, 8 sont des pays arabes.

Dans de telles circonstances, des agriculteurs en quête de rentabilité ont préféré cultiver du maïs pour les agrocarburants plutôt que pour la production alimentaire, car c’est plus rentable. On estime qu’un tiers de la production de maïs aux États-Unis est destiné aux agrocarburants, la spéculation peut s’envoler en quelques semaines. Ce choix de culture pour la production d’énergie entraîne forcément une baisse des productions vivrières et fait augmenter le prix des céréales alimentaires. Cette hausse des prix empêchera encore plus les pays qui manquent de nourriture d’en acheter puisque ce sont pour la plupart des pays pauvres. Les agrocarburants, en liant la production alimentaire aux produits pétroliers, pourraient alors aggraver le manque de nourriture dans le monde.

Spéculation sur les denrées

Depuis le début des années 2000, nombre d’investisseurs financiers, de banques, de fonds spéculatifs et d’investisseurs institutionnels ont fait leur apparition sur les marchés à terme. Ils misent sur la hausse à long terme ou spéculent sur la variation à court terme des prix. Une telle spéculation, totalement détachée du négoce physique, est nocive et doit être régulée.
Jusqu’en 2000, 20% des contrats étaient de nature spéculative. Depuis la crise financière, l’arrivée de nouveaux investisseurs financiers a porté leur proportion à plus de 80%.

La crise alimentaire et les émeutes de la faim ont fortement ébranlé la communauté internationale. Le nombre de personnes souffrant de la faim avait alors augmenté de quelque 100 millions pour atteindre le triste record d’un milliard. Principale raison : les prix des denrées alimentaires de base avaient explosé à la suite de mauvaises récoltes causées par des sécheresses et des inondations. D’autres facteurs avaient également contribué à cette situation, comme la culture subventionnée d’agrocarburants et la production en hausse d’aliments pour animaux, due à la hausse de la consommation de viande. La spéculation sur les matières premières agricoles, comme le blé ou le riz, avait également contribué à l’explosion des prix des denrées alimentaires.

Et difficultés alimentaires

Les prix élevés des denrées alimentaires, qui deviennent inaccessibles aux populations les plus pauvres, aggravent la faim et provoquent des troubles sociaux. Dans les pays en développement, les familles pauvres dépensent 60 à 80% de leurs revenus pour se nourrir, c’est-à-dire proportionnellement bien plus que chez nous. Lorsque les prix des aliments de base augmentent, la survie de ces foyers est menacée.

Selon des études de la Banque mondiale et de l’ONU, en 2008, la spéculation financière a contribué à la hausse des prix des céréales. Ce que certains économistes contestent. Reste que les experts s’accordent sur un point : la spéculation sur les denrées alimentaires accentue les variations de prix. Depuis que les matières premières agricoles attirent l’intérêt des investisseurs, la volatilité des prix a nettement augmenté.

Arnaud Faucon
INDECOSA-CGT

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