Le spectacle reposait essentiellement sur des situations qui tournaient mal pour Chocolat, toujours ridiculisé par l’auguste Footit et qui, reconnaissant sa défaite, s’exclamait : « je suis cho-co-laaat ! » Si la réplique est devenue culte, elle révèle aussi l’état de la société de l’époque, de sa mentalité colonialiste et supérieure qui aimait se gausser des humains venus d’ailleurs.

Dans le livre Monsieur Chocolat, Bénédicte Rivière retrace l’histoire vraie de Rafaël Padilla, le vrai nom de Chocolat. D’abord enfant de l’esclavage et orphelin, son itinéraire passe par la Havane et Bilbao où il est repéré par sa force et son sens du spectacle.

Paris lui offrira vingt ans de gloire et de succès. Les parisiens se délecteront des péripéties et autres malheurs de cet Auguste noir dominé par le clown blanc. Un succès qui repose certes sur le talent, mais surtout, à l’époque, sur sa condition d’homme noir.

Quand la renommée cessera, Monsieur Chocolat se fera précurseur en se mettant au service des enfants hospitalisés. Il achèvera sa courte vie à Bordeaux en 1917, dans la solitude et la misère.

Au cinéma, Omar Sy incarne le clown chocolat dans le film de Roschdy Zem. Un film réalisé à partir du travail de l’historien Gérard Noisiel dont le livre, Chocolat, Clown nègre a fait découvrir la vie de Chocolat au grand public. Une belle histoire, émouvante, humaine remarquablement illustrée par Bruno Pilorget. Pour les enfants dès huit ans, mais que les grands peuvent aussi expliquer aux enfants.

Michel Scheidt

, Bénédicte Rivière et Bruno Pilorget, éditions Rue du Monde, 2015, 17,50 €.

 Bande annonce du film de Roschdy Zem avec Omar Sy