Cécile Ladjali, née en 1971 en Suisse, enseigne la littérature à la Sorbonne. Elle nous raconte une histoire dont le romantisme social sort des sentiers battus. Un jeune homme, Léo, sorti de la cité Gagarine, Porte de Saint-Ouen, travaille dans une imprimerie et, comble d’ironie, il ne sait pas lire. Son par-cours est celui de bien des jeunes qui, à un moment donné de leur vie, n’ont pas pu franchir ce pas « ordinaire » de l’intégration culturelle commune.

L’auteure ne fait aucune concession à la sensiblerie et décrit tous les obstacles qui vont rendre la vie impossible à son personnage. Rongé par la honte, il ne pourra pas sortir de son handicap et son sort rejoindra la cohorte des soldats inconnus de l’exclusion. Mais l’important n’est pas tant la fin tragique que la description d’un processus dans lequel la société n’a pas les moyens d’inverser la fatalité de l’échec. C’est le regard d’une enseignante qui sait montrer le mur de la honte, invisible mais si cruel, qui renvoie les faibles à l’état de poussière.

Illettré, Cécile Ladjali, 2016, éditions Actes Sud, 19 €.