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Repères › Pouvoir d'achat

L'inacceptable blocage des pensions

Nous sommes entrés dans une quatrième année sans la moindre augmentation pour les pensions de retraites. La majorité des 15 millions de retraités que compte la France doit se révolter contre cette situation aussi injuste qu’insupportable.

Ainsi donc, aux yeux du collaborateur de la ministre des Affaires sociales, la situation générale des retraités serait suffisamment bonne et justifierait que l’on bloque leurs pensions une année de plus en raison d’une faible inflation. Voilà qui relève de la provocation. Il convient de rappeler que la pension mensuelle nette moyenne des 13,5 millions d’allocataires du régime général s’élevait à 1 216€ en 2013. Elle n’a pas bougé depuis. Mais ce chiffre cache des disparités puisque nous tombons à une moyenne de 899€ pour les femmes contre 1 522€ pour les hommes. Et comme de nombreuses femmes vivent seules sans toujours avoir de réversion, on imagine les situations difficiles.

Précarité tout juste reconnue

Ces dernières semaines, le gouvernement a fait voter la suspension d’un prélèvement moyen de 45€ par mois au titre de la CSG sur les pensions de 480 000 retraités pour leur rendre un peu de pouvoir d’achat. Au-delà de son caractère électoraliste, c’est une manière de reconnaître que la situation est difficile pour beaucoup d’entre eux. Mais on est loin du compte. À propos de comptes justement, on ne peut pas avoir des caisses de retraites en bonne santé financière quand toutes les politiques qui se sont succédées depuis des décennies ont consisté à délocaliser des productions industrielles vers les pays à bas coût de main d’œuvre, à bloquer les salaires et à précariser l’emploi pour moins payer les gens au travail en France.

Réformes et conséquences

Les retraités d’aujourd’hui ont de la mémoire, surtout quand ils ont passé leur vie à militer à la Cgt pour défendre leurs collègues de travail. Nous étions nombreux en activité en 1993-94 quand fut votée la réforme Balladur. Depuis, nous assistons à une dégradation de nos pensions. On notera que cette réforme a tout juste précédé l’accord de Marrakech sur la libéralisation du commerce mondial et la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC),ce qui a accéléré la course aux délocalisations des productions manufacturières. Depuis, ces dernières ne cessent de quitter des pays industrialisés comme la France pour les pays à bas coûts de main-d’œuvre qui ont été successivement les pays d’Asie du Sud-Estpuis d’Europe centrale entrés dans l’Union européenne à partir de 2004.La réforme Balladur fit passer la durée de cotisation du régime général de 150 à 160 trimestres en dix ans pour avoir une pension complète. Elle fit aussi calculer la pension sur la moyenne des 25 meilleures années de salaire au lieu des dix meilleures années. Elle introduisit le freinage de l’augmentation des pensions, calculées d’après l’évolution des prix mesurée par l’Insee alors que, jusque-là, l’augmentation des retraites suivait celle des salaires afin que le niveau de vie des retraités profite aussi de la croissance économique.

Ne rien lâcher

Malgré toutes ces dispositions restrictives, l’Insee estime que le pouvoir d’achat des retraités aurait augmenté entre 2005 et 2010 au rythme moyen de 1,2% par an grâce aux augmentations annuelles et du fait de la faible inflation. Dit autrement, nous aurions été mieux traités au cours de la seconde moitié du quinquennat de Chirac et au cours de la première moitié de celui de Sarkozy que durant le mandat de Hollande.

Voilà pourquoi cette situation ne peut plus durer. Il nous manque de 200 à 300€ par mois pour vivre dignement. Bien que sans illusions sur les intentions des candidats connus ou pressentis au poste de président de la République ou de députés en 2017, nous devons dans cette période électorale être très actifs et très visibles pour porter haut et fort nos justes revendications sur le relèvement des pensions. Les retraités et les actifs ont des intérêts communs à défendre contre la société de précarisation accrue que l’on voit déjà pointer dans certains projets présidentiels. Ne nous laissons pas ligoter dans une passivité qui favoriserait un recul de civilisation. Retraités après une vie de travail, nous valons mieux que ça. Mais il va falloir le montrer avec force.

 

Article paru dans Vie nouvelle n°196

Gérard Le Puill
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