Des témoignages empreints de simplicité, de vérité, de souvenirs, bons ou mauvais, de combats syndicaux dont on ne veut garder en mémoire que les succès, de solidarité de tous les jours, de tranches de vie au quotidien, de rêves, de désillusions, de cris de douleurs, de parcours singuliers, de récits en forme de bilan. C'est la vie des retraités, la vraie vie, celle qui ne fait pas la une des journaux, celle qui est faite de pudeur, de générosité, de valeurs humaines, de respect de la vie, de passion, de colère parfois de ne pas avoir fait assez. C'est l'expression d'une générosité et d'une volonté de partage.

Nadège au service des autres à Colombes (92)

Le dessin de Pierre Corneloup à la Une du site illustre le parcours de Nadège

« Je suis née en 1937 et j’ai connu l’exode à 3 ans durant l’occupation allemande. J’ai été mariée, je suis mère de deux enfants et grand-mère. J’ai divorcé voilà longtemps après avoir subi, 8 années durant, des saisies sur mon salaire à cause des dettes que contractait mon ex-mari alors que je travaillais aux achats chez un équipementier de l’automobile. De cette épreuve douloureuse, j’ai retenu une leçon : m’organiser pour échapper à la spirale de l’endettement.
« Ces épreuves m’ont conduite à me mettre au service des autres. J’ai fait 16 ans de bénévolat chez les petits frères des pauvres. Depuis cinq ans, j’aide régulièrement une amie de quinze ans mon aînée. Dans notre HLM de quatre étages sans ascenseur, cela lui permet de rester chez elle. Je lui monte son courrier, je lui arrose ses fleurs, je lui fais quelques courses, je lui prépare parfois des plats et nous bavardons tous les soirs entre 18 et 19 heures. Rendre service aux autres me rend toujours heureuse. »

Evelyne, militer : un des secrets du bonheur

« Je milite à la Cgt depuis 1972. Aujourd’hui retraitée de la SNCF, j’ai décidé de continuer un combat qui m’a toujours permis de m’épanouir et de me battre pour des valeurs que mon grand-père, secrétaire CGT des cheminots de Rivesaltes et mes parents m’ont transmises.

« Jusqu’en 1976, j’ai connu la précarité, de 1973 à 1983, j’ai participé à la création d’un syndicat CGT chez Havas, puis je suis rentrée à la SNCF dans les services administratifs, à Perpignan. Je me consacre à la politique financière de mon syndicat. J’aime les chiffres, pas ceux de ma maigre retraite qui n’atteint pas le Smic, mais ceux qui permettent à la solidarité collective de progresser. Les camarades qui donnent beaucoup de leur temps doivent savoir que leur maison est assise sur des fondations fiables et transparentes.

« Cela ne m’empêche pas d’avoir une vie privée. Ma famille est aussi sacrée que mon militantisme. Parfois, il faut jongler entre les deux, mais c’est possible. Quand on peut mener une vie au contact des autres en contribuant à un idéal de partage, donc de justice, on se sent jeune. C’est un des secrets du bonheur en retraite, y compris quand il faut traverser des épreuves. »

Claude et Marylou, des talents vendéens au service de la solidarité

« Nous nous sommes rencontrés en 1969 et tout de suite mis en musique. Nous nous sommes en effet découvert une passion commune : la chanson.
Claude chante depuis son adolescence mais nos voix s’harmonisent et vagabondent aujourd’hui autour des spectacles que nous présentons.

Nous composons nous-mêmes nos chansons, Claude en assurant l’orchestration dans le studio que nous avons aménagé dans notre maison de Talmont-St-Hilaire, en Vendée.
« Rencontres, révoltes, colères mais aussi la vie tout simplement inspirent notre répertoire qui se compose de 650 chansons, notre 13ème album,Chronique de la vie ordinaire, en étant un certain reflet.

« Nous chantons à chaque Noël pour les enfants mais aussi pour toutes les causes qui nous sensibilisent, le Téléthon, le Népal, par exemple, et nous reversons une partie de la vente de nos CD à des associations caritatives.

« Si pendant longtemps nous avons réussi à concilier travail et spectacles nous mesurons la chance qui est la nôtre de vivre et de chanter aujourd’hui à « plein temps ».

Ces témoignages ont été recueillis par les journalistes de la rédaction de Vie nouvelle pour le dossier spécial du numéro 200 du magazine.

Nous publierons de nouveaux témoignages très prochainement...