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Histoire. LA RÉPUBLIQUE ASSASSINÉE

10 juillet 1940. Pierre Laval demande aux députés et sénateurs présents à Vichy de donner les pleins pouvoirs à Pétain. 80 d’entre eux refusèrent...

Ce jour funeste fut la conclusion d’une période particulièrement douloureuse qui commença par la liquidation du Front populaire, la prise du pouvoir par Daladier, avec l’écrasement de la grande grève du 30 novembre 1938, organisée par la Cgt, contre la remise en cause des acquis sociaux.

La situation était déprimante dans un déroulé d’évènements qui enfonçaient tout espoir de paix face à la machine nazie.

Tourmente

La débâcle des troupes françaises en juin 1940 (100 000 morts) permettait à Pétain de se présenter, face à une population déboussolée, comme le « sauveur du pays ». Les élus communistes étaient pourchassés comme « traîtres à la Nation » : 10 550 perquisitions, 3 400 arrestations, 489 internés administratifs et 100 condamnations par les tribunaux militaires dont 14 condamnations à mort dès mars 1940, le PCF étant dissout le 26 septembre. 32 députés et sénateurs, essentiellement socialistes, dont Jean Zay et Pierre Mendes France, cherchaient à atteindre Casablanca en embarquant sur le Massilia, pendant que, de leur côté, d’autres Français essayaient de rejoindre le général de Gaulle à Londres.

Honneur et honte

Vichy fut le lieu idéal pour acter la fin de la IIIe République, une ville d’eau où se trouvaient suffisamment d’hôtels et de moyens de communication pour rendre pratique l’arrivée des députés et sénateurs et créer les conditions d’une installation du régime de Pétain, une fois le dictat imposé par Laval et souscrit par 569 votants contre 80, 17 se réfugiant dans l’abstention. Les restes d’une Assemblée qui avait fait le Front populaire déroulaient le tapis brun de la collaboration avec les nazis. Parmi les 80 réfractaires, 29 socialistes, 3 élus communistes pouvant siéger parce qu’ils avaient dénoncé le pacte germano-soviétique, ainsi que d’autres députés de tous bords. Parmi ceux qui ont voté les pleins pouvoirs, le groupe le plus important fut celui des radicaux-socialistes.

Malgré l’omerta, la mémoire revient au moins au niveau des Assemblées, l’Élysée étant toujours sourd à cette date. Le projet d’un musée acté par le maire actuel de Vichy, Frédéric Aguilera, a pour but de dissocier l’histoire de la ville de la collaboration dite « vichyssoise », en faisant remonter la mémoire de la résistance de la ville et de sa région.

Faire vivre l’histoire et non la nier

Lors de la commémoration, le président du Sénat, Gérard Larcher, a évoqué la nécessité de « faire vivre l’histoire et non de la nier ». Il a rappelé que les habitants de Vichy n’avaient pas choisi de se retrouver dans la capitale de la collaboration. Il fit aussi un appel à la vigilance quant aux velléités qui, en période de crise profonde telle que nous la vivons aujourd’hui, peuvent transformer la République en « démocrature, puis en dictature ». Il a évoqué, pour exemple, les alertes du Conseil constitutionnel contre les tentations liberticides répétées de l’actuel exécutif.

Cette date, 10 juillet 1940, que les communistes avaient choisie pour exprimer leur premier appel public à la Résistance (même s’il fut écrit un mois plus tard) et qui suivit l’appel du général de Gaulle 22 jours plus tôt, révèle à la fois les grandes lignes de ce que sera la Résistance, une fois qu’elle sera sortie de ses balbutiements, plurielle, mais aussi concurrente et parallèle dans les expressions historiques qui ont suivi.

Récidive de l’effacement

Sur l’autre rive de l’Allier, à la sortie du pont qui sépare Vichy de Bellerive-sur-Allier, le maire divers droite a fait déboulonner la plaque en hommage aux 80. Ce scandale, dénoncé par l’Arac de l’Allier, a eu lieu quelques instants avant la cérémonie officielle à Vichy qui s’est tenue en présence des deux filles de Jean Zay, de Dominique Noguères, petite-fille de Louis Noguères, et du maire honoraire socialiste, conseiller régional, Michel Guerre, qui met un point d’honneur à lutter contre l’oubli de ce moment douloureux de notre histoire.

Yvon Huet


Louis Noguères écrit après son vote : « Et j’ai dormi… l’esprit libre »

Né en 1881 et décédé en 1956, il a découvert la politique en faisant ses études à Paris pour devenir avocat. Il commença sa carrière politique comme secrétaire parlementaire de Jean Jaurès et finit comme président du Conseil général des Pyrénées-Orientales après avoir été président de la Haute cour de justice en 1945, qui, entre autres, condamna à mort Pierre Laval. Il nous laisse un précieux journal.

Nous reproduisons un extrait de l’exergue des éditions Fayard qui résume bien sa démarche :
« Écrite dans les derniers jours du même mois par Louis Noguères, la relation du coup d'État légal perpétré à Vichy en juillet 1940 pour instaurer la “révolution nationale” était jusqu'à présent inédite. Sous la plume d'un député SFIO qui, lui, n'a pas flanché, elle raconte (…) comment Laval, en exploitant le trouble consécutif à la défaite, a manipulé les parlementaires réunis au Casino de la station thermale, et les a conduits à abroger la Constitution de 1875 et à confier les pleins pouvoirs à Pétain. Louis Noguères montre des députés et des sénateurs déployant - hormis les célèbres “quatre-vingts” qui ont sauvé l'honneur - des trésors d'imagination pour justifier leur hostilité à la République, leur pusillanimité ou encore leur aveuglement politique. (…) Sobre et véridique, ce texte constitue probablement l'un des meilleurs témoignages disponibles sur la naissance du régime de Vichy. »


 

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