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Repères › Santé

Santé. Le Ségur n’a rien changé

Référendum ! L’annonce d’Emmanuel Macron ressemble plus à une diversion qu’à une réelle prise en compte des défis environnementaux. C’est le même procédé que celui utilisé pour le Ségur de la Santé, qui n’a en rien amélioré notre système de santé. Le docteur Christophe Prudhomme nous en dit les raisons.

Les personnels, déjà en sous-effectifs, sont épuisés et certains ont quitté l’hôpital et n’ont pas été remplacé du fait, notamment, du nombre trop peu important de places dans les écoles de formation et, ce qui est plus grave, de l’abandon du métier. En effet, le mouvement social qui avait débuté dans les Ehpad et ensuite touché les urgences pour finalement s’étendre à l’ensemble du secteur hospitalier, n’a rencontré que mépris de la part du gouvernement. La meilleure illustration en est la persistance du discours, encore exprimé récemment devant les soignants par le président de la République lui-même, expliquant que le problème est celui de l’organisation et pas celui des moyens.

Besoin d’effectifs

Dans ce contexte, le fameux Ségur de la santé n’a pas apporté de réponses satisfaisantes. Si une augmentation de salaire est toujours bonne à prendre, la première revendication était celle des effectifs à laquelle le gouvernement n’a pas répondu. En effet, alors que l’exécutif propose la création de 7 500 emplois et l’embauche de 7 500 personnes sur les postes vacants, les besoins sont chiffrés par la Cgt à 400 000 : 100 000 à l’hôpital, 200 000 en Ehpad et 100 000 pour l’aide à domicile.

Par ailleurs, les difficultés rencontrées par l’hôpital pour gérer la deuxième phase de l’épidémie, cet automne, sont principalement liées au manque de lits, donc d’effectifs, pour assurer à la fois la prise en charge des patients habituels et des patients atteints du coronavirus. Sans sous-estimer le problème de santé publique que représente l’émergence du coronavirus, la situation actuelle est plus en rapport avec une crise de notre système hospitalier. Le gouvernement ne peut se retrancher sur cette question derrière les mesures prises par ses prédécesseurs puisque, depuis l’arrivée au pouvoir d’E. Macron, près de 8 000 lits ont été fermés dans les hôpitaux. Plus grave, l’AP-HP, plus grand hôpital d’Europe, a même supprimé 3 400 emplois ces trois dernières années sous la direction de Martin Hirsch. Alors, quand le ministre de la Santé annonce l’ouverture de 4 000 lits « saisonniers » en décembre, il est très loin du compte pour compenser les simples pertes dont son homologue Agnès Buzyn porte la responsabilité.

Situation dramatique

Cette situation est dramatique pour les patients. Cela a déjà été le cas lors de la première vague pendant laquelle le manque de lits a obligé à sélectionner l’ordre de prise en charge des patients pouvant bénéficier de réanimation. Même s’il y a peu de consignes explicites de ne pas hospitaliser en réanimation les personnes en provenance des Ehpad, il est clair que leur passage par les urgences et une place en hospitalisation classique, avant qu’un lit de réanimation soit disponible, constitue une évidente perte de chance. Les médecins et les personnels hospitaliers refusent d’assumer la responsabilité de cette situation dont ils ont été eux-mêmes les victimes et qui a entraîné une souffrance psychologique importante, à l’origine de nombreuses démissions ces derniers mois.

Attention, abandons de malades

Aujourd’hui, la situation se répète avec la déprogrammation d’hospitalisations, d’examens et d’interventions chirurgicales pour libérer des moyens et des lits pour les malades Covid-19. De nombreux médecins, notamment les cancérologues, ont alerté sur les conséquences sur la surmortalité liée à « l’abandon » des malades, pendant presque trois mois, lors du pic de l’épidémie. Si la même situation se reproduit pendant plusieurs semaines, voire mois, il est à craindre que nous constations, alors, une surmortalité plus importante que celle due au coronavirus. Là aussi, les plus impactés seront les personnes atteintes de maladies chroniques, dont très souvent la population âgée.

Des moyens pour la santé !

Cette situation est intolérable dans un pays comme la France, quand on sait que la dégradation de notre système de santé est directement liée aux politiques de restrictions budgétaires menées depuis 30 ans. Nous avons besoin d’un investissement massif dans la formation et l’embauche de personnels de santé qui ne constituent pas une charge mais des dépenses utiles pour notre pays. Rappelons que si nous consacrons environ 12% de notre PIB dans les dépenses de santé, ce secteur serait à l’origine de la création de 13% des richesses pour ce même PIB. Par ailleurs, il est nécessaire de produire du matériel, des médicaments, de construire des établissements, donc d’avoir une industrie qui produise tout cela.

Il y a urgence à mieux organiser notre système de santé, mais pour cela des moyens, surtout humains, sont absolument nécessaires.

Dr Christophe Prudhomme

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