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Repères › Santé

MALADES DU COVID...ET LES AUTRES ?

D’abord tabous, les déprogrammations et autres reports de soins ont été une réalité au plus haut des vagues de la crise sanitaire et nous en mesurons les conséquences.

Du fait de la tension hospitalière existante depuis des années, liée à la suppression massive de lits, toute l’activité a été concentrée autour de la prise en charge des malades atteints de la Covid-19, lors de la première vague. À cela se sont ajoutées les difficultés des médecins de ville à poursuivre leur activité, du fait, notamment, du manque d’équipements de protection. Par ailleurs, de nombreux patients craignaient de sortir de chez eux pour aller consulter, de peur de se contaminer.

Heureusement, pour la deuxième et la troisième vague, la situation s’est améliorée, principalement en ville où l’activité a pu se réorganiser grâce aux capacités d’adaptation et de mobilisation des médecins et autres professionnels de santé.

Hôpitaux dépourvus de moyens

Mais à l’hôpital, aucun moyen supplémentaire n’a été prévu en vue d’une recrudescence de l’épidémie, notamment concernant les lits de réanimation. De nouveau, de très nombreux patients ont été « déprogrammés », particulièrement en chirurgie, entraînant des retards à leur prise en charge. De très nombreux hôpitaux ont atteint des taux de déprogrammation dépassant les 50% lors de la 3e vague. Or, ces retards ne pourront pas être rattrapés cet été, du fait de l’épuisement des personnels et de la nécessité qu’ils puissent prendre des vacances. Il faut donc espérer qu’à la rentrée, nous ne soyons pas confrontés à une nouvelle recrudescence de l’épidémie.

Il est important de souligner la responsabilité du Gouvernement qui, restant dans sa logique de poursuite de diminution des capacités hospitalières, n’a pas profité de la période d’accalmie de mai à septembre 2020 pour former du personnel, afin de pouvoir augmenter le nombre de lits, plus particulièrement en réanimation. Bien au contraire, il a utilisé cette période pour accélérer les opérations de restructuration prévoyant des fermetures d’hôpitaux et des suppressions de lits.

Inquiétudes

Pour mesurer la gravité des conséquences de cette période, nous disposons maintenant d’études et de chiffres particulièrement inquiétants. En ce qui concerne les cancers, première cause de mortalité en France, les retards au diagnostic et au traitement, suite à la première vague, entraîneront dans les mois et les années à venir une surmortalité chiffrée entre 2 000 et 6 000 personnes, selon les cancérologues de l’Institut Gustave Roussy.

Les maladies cardiovasculaires, deuxième cause de mortalité, ont connu également une augmentation de leur incidence et le phénomène semble s’accroître car les confinements ont augmenté les facteurs de risque que sont la sédentarité, le manque d’exercice, le surpoids et le stress.

Troisième groupe de pathologies qui a fortement augmenté, les maladies psychiatriques, comme la dépression, plus particulièrement chez les personnes isolées, très souvent âgées. Alors que la question du maintien de l’autonomie est une priorité nationale, l’année écoulée constitue une catastrophe. En effet, la diminution de l’activité physique est génératrice d’une perte de masse musculaire, appelée la sarcopénie, à l’origine d’une régression très nette de l’autonomie des personnes à risque, sans compter les chutes trop souvent à l’origine de fractures conduisant à une invalidité définitive.
Une autre étude ciblée sur une pathologie pouvant entraîner aussi une perte d’autonomie, la maladie de Parkinson, montre que le confinement a engendré une dégradation de leur état chez 40% des patients.

Autre chiffre inquiétant, la baisse de l’activité de greffe d’environ 25%, sans récupération du niveau antérieur encore aujourd’hui. L’activité en pédiatrie a subi également une chute importante, ce qui se traduit, dès aujourd’hui, par une baisse du niveau de vaccination significative et un retard au dépistage de certains handicaps qui aura de graves conséquences.

Enseignements à tirer

Ces multiples exemples nous apportent plusieurs enseignements qu’il faudra bien que le Gouvernement prenne en compte. Notre système de santé nécessite des investissements massifs en formation de personnels et en investissements dans des locaux, des lits et du matériel. La première urgence est le personnel. Les mesures du fameux Ségur n’ont rien réglé. Au-delà des augmentations de salaires, qui restent insuffisantes et qui ne concernent pas tous les professionnels, rien n’a réellement été prévu en ce qui concerne l’augmentation des effectifs.

Si la formation d’un médecin est longue, ce n’est pas le cas des aides-soignants et des infirmiers. Il faut donc ouvrir les portes de ces écoles en remettant en place la politique des contrats : l’étudiant est payé pendant ses études contre une obligation de travailler pendant un certain nombre d’années dans l’établissement désigné dès le début de sa formation. L’urgence est également à augmenter le nombre de médecins en formation. Dans ce domaine, le Gouvernement a menti en annonçant la fin du numerus clausus, puisque nous formerons peut-être l’an prochain environ 10 000 médecins par an, ce qui correspond au chiffre de ce qui existait dans les années 1970. Or, depuis, la population a augmenté et a vieilli, donc les besoins se sont accrus ! Enfin, il est urgent d’exiger un moratoire à toutes les restructurations hospitalières pour ouvrir un grand débat national sur l’avenir de l’hôpital public dans notre pays.

Dr Christophe Prudhomme

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