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Thierry Godard :

Il joue le patron d’une petite scierie, aux côtés des résistants, dans Un village français, celui de Gilou, un policier rongé par la drogue, dans Engrenages, Bruno, dans Welcome avec Vincent Lindon… Une évidence, dans le civil, l’acteur Thierry Godard ressemble à l’idée que l’on se fait de lui : sensible, modeste, généreux et un peu révolté…Bref, profondément humain. Pierre Corneloup l’a rencontré.

Pierre Corneloup : Jeune lycéen, vous avez choisi de vous former dans le métier de la menuiserie que vous avez continué à pratiquer, alors même que vous suiviez des cours de comédie. Un tel cursus serait-il possible de nos jours ?

Thierry Godard : Souhaitable, c’est sûr ! Une de mes motivations était d’avoir, de toute façon, un métier et de quoi vivre durant toutes ces années où rien ne s’est passé pour moi comme acteur. Ça m’a sauvé ! Plus fondamentalement, je pense que l’enseignement ne fait pas assez la place aux métiers manuels.

 

Pourquoi n’avez-vous pas fait le Conservatoire, circonstances ? mépris ?

Thierry Godard : À l’époque, je ne voulais pas être mis dans une case, fût-elle celle du Conservatoire. Ça n’était pas forcement juste, c’était sans doute naïf et ça me fermait la porte d’autres disciplines du théâtre, comme la mise en scène, par exemple. Je crois aussi qu’un refus de ma candidature aurait été, pour moi, ressenti comme une douleur.

Il paraît qu’on ne vous fait pas jouer n’importe quoi. Mais comment appréciez-vous cet éventuel « n’importe quoi » ?

Thierry Godard : D’abord, par la qualité de l’écriture de ce qu’on me propose. Puis, l’histoire, mais pas plus que ça. Il faut, en tout cas, que je me fasse embarquer par quelque chose de très intime. Même mon agent n’a pas le dernier mot ! C’est nous, acteurs, qui sommes et devons rester responsables de nos choix.

Vous dites improviser quelques fois. Mais ces improvisations ne sont-elles pas aussi le produit de vos vécus proches ou lointains ? Votre grand-mère résistante et déportée, votre mère poursuivie par les huissiers…

Thierry Godard : Ces « impros » sont, évidemment, le reflet de vérités vécues intimement mais que le travail d’acteur nous aide à peaufiner. Elles dépendent aussi de l’écriture initiale de l’auteur qu’on interprète. Par exemple, il n’y avait aucune place à l’impro dans les dialogues d’Un village français, tellement c’était bien écrit. Par contre, des scènes d’interrogatoires policiers, comme dans la série Engrenages, ont besoin, pour être bonnes, de cette part d’impro… Et puis, nous ne sommes pas là pour reproduire une nature morte !

Quel personnage social aimeriez-vous qu’on vous propose d’incarner ?

Thierry Godard : Jaurès, je pense !… J’attaque dans cet état d’esprit une nouvelle version de Germinal de Zola, pour France2, dans le rôle de Maheu.

Théâtre, cinéma, séries TV… Avez-vous des priorités ?

Thierry Godard : Pas une priorité, mais ça se présente comme ça. Les séries TV en premier. Je suis quand même un enfant de la télé. Télé et cinéma sont deux mondes, de moins en moins, mais encore séparés. Il y a une différence importante : pour faire un film, il faut trouver l’argent, pour une série TV, c’est la chaîne qui paye. D’avance !

Comment le citoyen Godard traverse-t-il la période inédite que nous vivons ?

Thierry Godard : J’ai surtout de la chance. Beaucoup de mes collègues en ont moins. D’autant plus que ceux qui nous gouvernent considèrent le monde du spectacle et ses artisans comme la dernière roue de leur carrosse… On est loin de la phrase de Churchill *. Le spectacle vivant est fragilisé par ce virus, mais la traversée de cette période peut aussi faire qu’on va se rendre compte que la culture, c’est important, indispensable.

Et notre monde, il va comment ?

Thierry Godard : On est dans une période où « il faut que ça sorte », que « ça pète »… Le pire, comme le meilleur ! Tout le monde est au courant de tout… Du pire, comme du meilleur ! On est un peu perdu dans tout ça. Et je pense, en même temps, que la traversée de cette période produit aussi de la réflexion.

Thierry Godard, le peintre sur feuille de zinc. Il en est où ? Il trahit le bois de ses débuts ?

Thierry Godard : Les plaques de zinc qui recouvrent les toits de Paris et qui me servaient de support sont marquées par leur contact avec le bois sur lequel elles sont posées. Je ne trahis donc pas mon attrait pour le bois ! Ces plaques sont plus difficiles à trouver, aujourd’hui. Je poursuis donc sur des toiles. La peinture permet de traverser plein de moments heureux ou moins heureux. J’aime particulièrement Bonnard !

Propos recueillis par Pierre Corneloup

* Lors de la dernière guerre, lorsqu’on a demandé à Churchill de couper dans le budget des Arts, il a répondu : « Si on ne se bat pas pour la Culture, pourquoi nous battons-nous !? »

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