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Repères › Pouvoir d'achat

Retraité.e.s. Vingt-deux ans de spoliations

Réduire les pensions de retraite demeure un objectif du gouvernement. Un document produit par l’UCR-CGT montre qu’elles n’ont cessé de perdre du pouvoir d’achat entre 1988 et 2020. Révoltons-nous contre cette remise en cause permanente des droits acquis par nos cotisations.

Un document, intitulé Ce n’est pas aux retraité-e-s ni aux salarié-e-s de payer la crise du coronavirus, répertorie les multiples attaques gouvernementales contre les pensions entre 1988 et 2020. En 1988, avec Jacques Chirac à Matignon, le gouvernement décida que les pensions versées par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) n’augmenteraient plus qu’en fonction de l’évolution des prix mesurés par l’indice de l’Insee. Cette décision permettait d’exclure les pensions de retraite de toute retombée des fruits de la croissance, ce qui demeurait possible pour les actifs et qui avantageait surtout les profits pour les patrons.

De Balladur…

En 1993, le Premier ministre Édouard Balladur fit voter une loi qui, depuis, a réduit considérablement les pensions versées par la Cnav. Alors, les personnes nées avant 1934 furent les dernières à voir leur pension de base calculée sur les dix meilleures années de leur carrière. Puis, on est progressivement passé du calcul sur les 11 meilleures années pour les natifs de 1934 aux 25 meilleures années pour les natifs de 1948 et après. Avec cette réforme, on est également passé de 150 à 160 trimestres devant être validés pour bénéficier d’une pension complète.

Avec ces deux changements, les hommes et surtout les femmes n’ayant pas bénéficié d’une évolution de carrière en progression constante ont perdu des droits à pension importants. Surtout qu’il y eut, depuis, beaucoup de licenciements en France à la faveur des délocalisations, qui continuent toujours, vers les pays à bas coûts de main-d’œuvre.

Ce calcul sur les 25 meilleures années nous éclaire aussi sur les objectifs régressifs de la réforme par points à laquelle Macron n’a pas renoncé. Même en mettant en place une pension minimale pour les carrières pleines de trous, ce dispositif par points se traduira par une dégradation globale du niveau des pensions. Un calcul effectué sur la carrière entière sera toujours plus défavorable que celui effectué sur 100 trimestres, comme c’est le cas aujourd’hui.

… à Chirac, Sarkozy et Hollande

Entre 2003 et 2005, Chirac à l’Élysée et Fillon aux Affaires sociales ont retardé l’alignement des pensions sur les prix et mis fin au dispositif de péréquation dans la fonction publique, lequel permettait d’accorder aux retraités les revalorisations de carrières attribuées aux actifs.

En 2008, avec Sarkozy à l’Élysée et Fillon à Matignon, le relèvement annuel des pensions est passé de janvier à avril. Parallèlement, dans le calcul de l’impôt sur le revenu, le gouvernement et sa majorité supprimaient la demi part des personnes vivant seules ayant élevé au moins un enfant. Sous la présidence de François Hollande, en avril 2013, fut mis en place un prélèvement de 0,3% sur les pensions au titre de la Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa). Plus grave encore, du report des revalorisations en prélèvements supplémentaires, les pensions nettes n’ont augmenté que de 0,1% entre avril 2013 et septembre 2017.

Le pire avec Macron

Mais le pire était à venir avec l’arrivée de Macron à l’Élysée. En 2018, la majoration de la CSG de 1,7% sur les pensions brutes a réduit de 1,83% les pensions nettes pour au moins 60% des retraités. En janvier 2019, est apparue la revalorisation différenciée, soit 1% d’augmentation pour les plus faibles pensions, mais seulement 0,3% pour les autres. Au total, en reprenant les chiffres de la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), le document publié par l’UCR-CGT aboutit à la conclusion suivante : entre janvier 2008 et décembre 2019, les prix hors tabac mesurés par l’Insee ont augmenté de +12,93%, le Smic de +20,05% grâce à quelques « coups de pouce ». Mais les pensions nettes versées par la Cnav n’ont augmenté que de +8,60%, les complémentaires de l’Arrco de +8,37%, celles de l’Agirc de +6,26%.

Si on regarde ce qui s’est passé entre la réforme Balladur et les différentes spoliations intervenues après, entre « 1994 et 2019, l’évolution du pouvoir d’achat des pensions, tous régimes confondus, est de -7% en brut et -12% en net pour un cadre et -4% en brut et -9% en net pour un non cadre », selon les chiffres du dossier réalisé par l’UCR-CGT. D’où les principales revendications résumées dans ce même document : pas de retraite inférieure au Smic, revalorisation de toutes les pensions ; suppression de la Casa et de la hausse de la CSG de 1,7 point, rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune, abandon du projet de réforme des retraites par points. Nous avons de solides arguments pour mener ce combat.

Gérard Le Puill
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