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FORÊTS. MASSACRE À L’ABATTEUSE

Les incendies dont rage dans le monde, mais ce ne sont les seuls calamités qui détruisent les forêts. Pour produire le bois très recherché nos forêts sont moissonnées comme des champs de blé. La coupe rase pratiquée à l'aide d'abatteuses de plus de 20 tonnes se généralise. Attention, danger !

Ces énormes engins arrachent, abattent, coupent, écorcent et calibrent un arbre en moins d'une minute. En une journée, ils peuvent empiler jusqu'à 250 m3 de bois. Ils remplacent 8 à 10 bûcherons. En quelques heures, un hectare de forêt ancienne, diversifié en essences et en âges, est scalpé. Les animaux perdent leur habitat, tout un cortège d'insectes xylophages, de petits mammifères et de champignons sont broyés. Plus un bruit d'oiseau, le silence, un spectacle de champs de bataille ! Le Gouvernement dans sa stratégie nationale « bas carbone » prévoit d'augmenter les coupes rases de 70% d'ici 2050.

Une aberration écologique

La coupe rase, c'est l'abattage d'une parcelle, feuillus et résineux, sans tenir compte de l'âge des arbres. Après le passage fracassant des abatteuses, le sol est rasé. Il n'est plus protégé, sa température peut augmenter jusqu'à 10 degrés, hypothéquant les conditions de reprise de la végétation. Mais, pour ces exploitants forestiers, la repousse naturelle de la forêt n'est pas l’objectif. Ils remplacent, petit à petit, les forêts primaires en replantant des résineux adaptés à une récolte à la machine et à une demande commerciale. Pour une rentabilité toujours plus grande, les essences d'arbres à développement rapide sont privilégiées, comme les épicéas et les pins Douglas.

Erreurs récurrentes

Dans les années 1970-1980, le monde agricole a été bouleversé par un véritable tsunami : le remembrement. Les parcelles ont été redimensionnées pour s'adapter au gigantisme des engins agricoles avec, au passage, la suppression des talus et des haies empêcheurs de labourer en grand. Au nom de la modernité et du sacro-saint rendement, tous les penseurs et les décideurs ont redessiné la France, au mépris de toute logique géo-climatique. Ils ont vendu l'agriculture industrielle aux paysans, aidés par les grands constructeurs de matériels agricoles, pour arriver à des entreprises agro-industrielles surdimensionnées.

Aujourd'hui, c'est la forêt qui est en passe d'être saccagée, au nom de la même logique économique. Le comble, sous couvert d'écologie, est qu’on replante avec les mêmes méthodes qu'en agriculture intensive. Les lobbies font leurs choux gras en écoulant leurs herbicides, leurs engrais, leurs boues de stations d'épurations et les engins mécaniques de plus en plus éléphantesques.

Formater la forêt

La sylviculture, présentée comme une alternative aux énergies fossiles, est devenue, pour les financiers, le domaine à investir pour faire du profit le plus rapidement possible. La demande accrue en bois de chauffage incite à transformer des arbres entiers en granulés. L'État français, sous l'influence des lobbies industrialistes, s'évertue, par ses lois, ses subventions, ses avantages fiscaux et, plus directement, par la politique de l'ONF (Office national des eaux et forêts), à dénaturer la forêt. Sans vie, sans insectes, sans animaux, sans champignons, il n'y a plus que de simples champs de production de bois consommable.

De lourdes hypothèques

Ce choix est lourd de conséquences pour les générations à venir, car il faut 100 ans pour constituer un centimètre d'écosystème forestier et 10 minutes pour le détruire. Pourtant, tout se fait dans le silence le plus total, comme dans une plantation de résineux où les oiseaux ont disparu.

La communication s'élabore dans un brouillard vert autour d'une gestion, soi-disant durable, orchestrée par l'ONF, garant de l'intérêt écologique et national aux yeux de la population. La presse se fait régulièrement l'écho du pillage de la forêt amazonienne, présentée comme un massacre écologique, mais pas un mot sur la politique menée chez nous.

Un espoir

La forêt, c’est bien plus que du bois. Elle fournit de nombreux services environnementaux : purification de l'eau, filtration de l'air, fixation du carbone. Elle est indispensable à notre bien-être : variété des paysages, pratique du sport, espace de loisirs, lieu de ressourcement et d'apaisement.

Qu’elles soient privées ou publiques, les forêts sont des biens communs au service de l'intérêt général. Leur gestion respectueuse de la biodiversité est possible, contrairement à ce que les lobbyistes tentent d'imposer comme une évidence. Encore faut-il changer d'échelle de rentabilité !

Yolande Bachelier

Photo : Abatteuse en action. ©Traumru-Wikimedia Commons-CC BY 3.0 3.0

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