« Un chant suffit parfois à ranimer le monde » (Henri Gougaud).

Dans l’article sur la Chanson de (et autour) de la Commune de Paris, comment ai-je pu oublier de citer La Commune est en lutte, de Jean-Roger Caussimon ? Il aura fallu le bel hommage de Pierre Corneloup à Bertrand Tavernier pour que des amis me signalent ma bévue. Bertrand Tavernier, grand amateur de jazz, de cinéma (américain et français) et de chansons fit appel à Caussimon pour écrire les trois chansons du film Le juge et l’assassin, dont La Commune est en lutte. Chantées dans le film par Isabelle Huppert et Caussimon lui-même, elles ne laissent aucun doute sur le côté de la barricade choisi par l’artiste né dans le 14e arrondissement de Paris et décédé dans le 13e, qui furent de hauts lieux de la révolution communaliste.

Si on connaît les textes que Caussimon a écrits pour Léo Ferré, l’ami de tous les jours, Monsieur William, Ostende, le Temps du tango, et même si l’artiste hanta après-guerre le cabaret Au Lapin Agile, il mit bien du temps à enregistrer ses propres chansons. Il ne se considérait ni comme un poète ni comme un chanteur, et répondit à Pierre Barouh, qui lui proposait d’enregistrer un disque : « tu vas perdre de l’argent... je ne sais pas chanter...». Il finit tout de même par accepter de nous faire partager cette voix grave, épanouie, imposante. Quant à sa qualité de poète, Pierre Seghers, régla la question en lui ouvrant les portes de la légendaire collection Poètes d’Aujourd’hui (n°161 - Préface de Léo Ferré).

Des textes poétiques indémodables, éternels, classiques donc. Ils n’ont rien perdu de leur densité, de leur pertinence. Ils nous parlent d’hier et de demain dans une exigence permanente d’amour et de fraternité. Avec la liberté en étendard. Une tendresse infinie pour ceux qui souffrent et parfois une violence salutaire. Savourez donc Bordel à cul charrette à bras…

Partez en vacances avec Caussimon et laissez-vous envahir par le flot majestueux des mots du poète-chanteur.

Richard Vaillant