Notre santé dépend en grande partie de la santé de l’hôpital public. Or, il est gravement malade après des années de réduction de moyens en personnels, en nombre de lits. Mireille Popelin en a fait l’expérience comme bien d’autres, elle nous livre son témoignage du quotidien d'un hôpital.
« Une méchante infection accompagnée d’une insuffisance cardiaque et me voilà hospitalisée en urgence au Medipôle à Villeurbanne. Deux tests PCR négatifs. Je suis bien soignée, antibiotiques, oxygène, stimulants pour le cœur, me voilà guérie ou presque.
Quelques jours en rééducation pour le cœur au 3e étage de l’hôpital. Il faut un PCR pour l’entrée. Et là, surprise ! Il est positif, j’ai le Covid !
Je suis placée en isolement, mon Covid est asymptomatique : ni fièvre, ni perte d’odorat, j’ai bon appétit. Mes 3 vaccinations m’ont protégée d’une forme grave du Covid, avec réanimation à l’issue incertaine, si l’on prend en compte mon âge (84 ans) et ma pathologie (je suis cardiaque). N’écoutez pas les « anti-vax », complotistes et autres pseudo-scientifiques !
L’hôpital est malade. Et pourtant du médecin à l’aide- soignante et à l’agent technique, tous « tiennent » encore. Jusqu’à quand ?
J’ai vu la course dans les couloirs. Ici, un nouvel arrivant, où va-t-on le mettre ? « Ah non, pas ici, on est plein ! », proteste une infirmière débordée.
- S’il vous plait ! crie d’une voix stridente la patiente dans la chambre à côté de la mienne. Fred, l’infirmier, grommelle : « elle appelle sans arrêt, faut la coucher, après elle veut être assise, on n’en peut plus ! »
Ils courent, ils courent les soignants.
« Je vous assure, madame, moi je ne resterai pas ! C’est trop dur ! », me dit une infirmière épuisée.
Ils disent le manque de personnel, les taches multiples, le changement de service pour remplacer un collègue absent. Les personnels craquent par fatigue, et parce qu’ils sont eux aussi victimes du Covid !
Une patiente proche de ma chambre est atteinte de « troubles cognitifs », selon les médecins. Autrement dit « elle perd la boule ». Elle devrait se remettre d’une fracture mais refuse les soins et crie jour et nuit. Les soignants courent, ne se fâchent jamais. Aujourd’hui, la patiente a consenti à se lever.
Avec le kiné et son déambulateur, elle fait quelques pas dans le couloir.
- « Allez, madame, nous allons vers la fenêtre, nous verrons un peu la rue et le ciel bleu »
- « Non, j’veux pas, hurle la dame, vous voulez me balancer par la fenêtre ! »
Fou rire des soignants et des autres patients.
C’est la vie à l’hôpital, un jour comme les autres de cette année 2022, la 3e année du Covid Machin. En attendant le Covid Truc ?
Je remercie les personnels de l’hôpital. Je soutiens leur lutte pour un hôpital en bonne santé, avec des personnels en nombre suffisant, bien formés et bien rémunérés. »
Mireille Popelin
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Nous lui avons demandé de revenir sur les épisodes marquants de cette vie incroyable.