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Repères › Economie du vieillissement

NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR LES EHPAD DE KORIAN ET DOMUSVi


Un mois après Les fossoyeurs, le livre choc de Victor Castanet sur les Ehpad d’Orpea, Cash Investigation a filmé en caméra cachée le quotidien harassant des personnels soignants d’un établissement Korian, près de Nantes. Un autre reportage a décortiqué les méthodes immobilières fallacieuses de DomusVi. Triste tableau d’une course au profit, sur le dos de nos ainés.

Les images sont édifiantes. Débordés, contraints de conseiller à une résidente de "faire pipi dans sa protection" car le personnel manque pour l'accompagner aux toilettes, les soignants de l’Ehpad privé Le Ranzay, près de Nantes, doivent s’occuper de 69 résidents. Prix du loyer : 2 856 € par mois.
À raison de 11 résidents par aide-soignant (contre 10 pour 12 au Danemark), comment bien faire son boulot et respecter la dignité de nos ainés dépendants ?

Le reportage réalisé en caméra cachée par Marie Maurice, de Cash Investigation (France 2), dénonce la maltraitance institutionnelle des résidents, faute de moyens humains suffisants.

Un système malade

Sans diplôme de soignante, sans formation, sans expérience, la journaliste s’est faite embauchée pendant trois jours comme auxiliaire de vie par Korian, leader européen des Ephad privées (4,31 Md€ de chiffre d’affaires en 2021, + 11%) et affectée à des tâches d’aide-soignante ou d’infirmière. Pour 9,58€ net de l’heure.

Pas d’infirmière pour administrer les médicaments, personnel non diplômé, repas rationnés, effectifs insuffisants : les méthodes de Korian décrites pour maximiser ses bénéfices, au détriment du bien-être des résidents et des conditions de travail des salariés, sont choquantes.

Comme dans le livre Les Fossoyeurs, les questions soulevées se rejoignent, notamment autour des coûts que les deux groupes cherchent constamment à baisser pour augmenter leurs marges.

Pas de croutons

Deux anciens directeurs d'Ehpad affirment que Korian soumet ses cadres à une pression constante pour qu'ils réduisent les coûts et maximisent le bénéfice de l'entreprise : l'un raconte avoir reçu instruction de supprimer les croûtons dans la soupe des résidents pour réaliser des économies !

Selon des documents internes à Korian que les journalistes se sont procurés, la direction ne remplacerait que partiellement le personnel soignant en congé. Les kiné et les médecins ne le seraient pas du tout. Korian ferait de fausses déclarations aux autorités de tutelle sur les effectifs afin de maximiser ses dotations publiques (532M€ reçus en 2020 selon le site mis en ligne en réaction à la diffusion de l’enquête).

Interrogé par Élise Lucet, le directeur général France, Nicolas Merigot, a réfuté l'ensemble des allégations. Sur le plateau de l’émission, Sophie Boissard a fait de même : « Nous ne faisons pas de marges sur les dotations publiques », a affirmé la directrice générale de Korian, avant d’annoncer que son groupe allait devenir une entreprise à mission. Pour se racheter une virginité ?

DomusVi, orfèvre de l’immobilier

Également épinglé, DomusVi, numéro 3 du secteur (745 M€ de CA), a vu ses méthodes immobilières fallacieuses décortiquées par les journalistes.
Elles consistent à laisser pourrir le parc immobilier loué à des particuliers qui ont investi dans des chambres d'Ehpad achetées à prix fort, puis à quitter les lieux à la fin du bail. Un orfèvre de l’immobilier mais aussi un spécialiste de l’optimisation fiscale via le Luxembourg et Jersey, alors que le groupe percevrait 226 M€ d’argent public par an, selon les calculs de Cash.
Ses dirigeants n‘ont pas voulu répondre aux questions.

Défaillances des autorités de contrôle

De leur côté, les Agences régionales de santé ne jouent pas leur rôle de contrôle : devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, S. Boissard a indiqué que son groupe fait l’objet d’une dizaine de contrôles par an. Pas inopinés.

Emmanuel Macron avait pris l’engagement de mener à son terme un projet social sur la dépendance. Alors que son quinquennat s’achève, ce chantier a disparu de l’agenda présidentiel.

La CGT milite pour la création de droits pour les aidants familiaux de personnes en perte d’autonomie, la création d’un grand service public de l’aide à l’autonomie en établissements ou à domicile avec du personnel formé, qualifié, correctement rémunéré.

La perte d’autonomie et son financement doivent relever de la branche maladie de la Sécurité sociale.
Et le traitement de l’accueil en établissement et de son financement doit être rapidement l’objet d’une loi conformément aux engagements de l’actuel gouvernement.

La CGT

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