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MUSIQUE. LE REGARD DES FRÈRES TERRENOIRE SUR NOTRE SOCIÉTÉ

Vous les avez peut être découvert dans Taratata, chantant avec Bernard Lavilliers cette ville de Saint-Étienne qu’ils chérissent en commun. Notre rencontre avec Terrenoire a eu lieu quelques jours avant les Victoires de la musique qu’ils viennent de remporter dans la catégorie Révélation masculine. Théo et Raphaël tracent ainsi leur profonde, sensible et sensuelle route.

« Nous posons notre regard sur la société à partir d’où l’on vient. »

Vous êtes deux vrais frères. Dans cette création bicéphale, qui propose, qui écrit, qui compose, qui décide de ce qui est livré au public ?

Bicéphale est le terme juste. Nous avons une volonté commune, une complémentarité dans nos compétences et une sensibilité proche, très certainement issue de notre fratrie biologique. La musique est pour nous un élément constitutif du sentiment de sécurité et de partage que nous retrouvons et apprécions dans la vie familiale. Nos désaccords éventuels posent peu de problématiques à notre création. Ils sont plutôt facteurs de solutions.

Peut-il arriver que - pour des raisons qui n’ont que peu à voir avec la qualité - l’on puisse passer à côté de réels talents ?

Oui, des médias peuvent faire et défaire des carrières. Mais les canaux internet atomisent ce risque. De nos jours, qui que ce soit peut soumettre sa création à un large public. Cette question de la reconnaissance de talents se pose donc désormais avec l’existence et la place qu’occupent ces nouveaux réseaux de la diffusion des idées, des images, des musiques… Pour ce qui nous concerne, dans ce contexte, nous avons la chance de pouvoir continuer notre métier. Nous sommes contents que l’on croie en nous.

Il arrive quelquefois que la parole de certains artistes soit plus entendue que celle de scientifiques ou de politiques. Ce doit être votre cas ? Est-ce lourd à porter ?

Notre métier fait appel à la pensée, à la réflexion, au ressenti, au sentiment. C’est normal. C’est utile que les artistes, comme tout un chacun, expriment cela. Mais force est de constater que, trop souvent de nos jours, le débat dit politique clive cette expression. Si les artistes s’engagent dans ce processus, ils doivent savoir qu’ils prennent le risque de participer à ce clivage. Ils n’ont pas à se taire pour autant. Mais ils doivent veiller à aborder en toute autonomie les questions qui les préoccupent ou les mobilisent.

Vos créations ont, comme on dit, un contenu. Pensez-vous que ce soit un des critères de votre sélection pour les Victoires de la musique 2022, à l’instar d’autres comme Eddy De Pretto, Orelsan ou le « vieux » Hubert-Félix Tiéphaine ?

C’est peut-être un critère. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles nous sommes écoutés. Beaucoup semblent se reconnaître. Sans doute parce que notre regard se pose sur la société à partir d’où l’on vient. Ne jamais l’oublier est important pour nous. Nous venons de Saint-Étienne, d’un quartier ouvrier de cette ville, Terrenoire, que nous avons volontairement pris comme nom de scène.
Nous composons avec en tête et dans le cœur un hommage à ce mélange de fierté et de honte - injustifiée bien sûr - apparaissant quelquefois chez celles et ceux résidents ou originaires de lieux pas spécialement célèbres ou brillants.

Or, à Saint-Étienne, la place historique prépondérante du monde ouvrier a laissé des traces profondes. Le tissu associatif, le réseau de centres sociaux, de structures solidaires issues de cette histoire sont, sinon intacts, du moins réels et influents. Mais pas à tout jamais. Certains politiques ont affaibli ces corps intermédiaires. Ils ne leur ont pas offert une représentation, préférant laisser la place à des influenceurs cupidement intéressés et quelquefois dangereusement porteurs de vieilles rengaines sur l’« étranger », le « différent de soi », qui serait le problème et le danger pour soi et les autres. Alors que nous sommes face à de considérables enjeux pour l’humanité tout entière, il est important et urgent que l’idée sociale et humaniste trouve un plus grand écho dans l’incantation et la proposition politique.

Les trentenaires que vous êtes sont-ils surpris d’être sollicités pour une rencontre avec un magazine destiné à des retraités ?

Non ! C’est un bonheur que notre musique ne s’adresse pas à un seul groupe de personnes. Et c’est un plus grand bonheur encore si vous nous dites qu’elle nous relie entre générations. En tout cas, cette rencontre nous nourrit.

Propos recueillis par Pierre Corneloup

Sous un soleil énorme, Bernard Lavilliers, album sorti novembre 2021, Romance musique.
Les Forces contraires : La Mort et la Lumière, Terrenoire, sorti le 4 février 2022, Virgin records.

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