Né en 1942, enfant des classes populaires de Paris, il mit deux fers au feu de ses passions, la chanson et le cinéma, au sens noble d’une destinée où l’expression « copains d’abord » de Georges Brassens a pris tout son sens dans ses relations passionnées avec son grand ami Jean-Philippe Smet, alias Johnny Halliday, né un an plus tard dans ce même 9e arrondissement de la capitale.

Si Eddy Mitchell n’est pas ce qu’on appelle parfois un peu vite « un chanteur engagé », il a pourtant des principes, comme il l’a exprimé en 1986 dans sa chanson Ku Klux Klan où il fustige le racisme et l’antisémitisme perdurant aux USA. Plus encore, il n’oublie jamais d’où il vient, ce qui lui vaut la fidélité et la reconnaissance d’un très large public.

Dans son dernier et 39e album, Country Rock, il signe une carrière pour le moins magistrale où il a su, malgré la renommée, quasiment toujours éviter le bas de plafond des séries B. En 2021, trois ans après la parution du film Les Vieux Fourneaux, où il interprète magistralement avec ses deux complices, Pierre Richard et Roland Giraud, les péripéties d’un troisième âge pas sage, il signe une chanson mélancolique, celle que nous pouvons nous chanter quand nous perdons un être cher, et que nous l’accusons d’avoir brûlé sa vie trop vite.

C’est avec Un petit peu d’amour que commence ce qu’on peut appeler, comme à chaque fois, une offensive de charme vrai qui ne rate jamais son but, le battement de nos cœurs. Suivent dans la foulée : Né dans le ghetto, Ma star de mes nuits, Garde tes nerfs, Icône oubliée, Que viva Las Vegas, Droite dans ses bottes, C’est la vie, Fais la belle, Roulette russe, Les blessures de l’amour, Je suis comme toi, Ne parle pas de moi.

Cet enchaînement enchanteur prouve une fois de plus qu’il n’a jamais pris la grosse tête, y compris dans les moments les plus hauts en couleur de son succès.

Yvon Huet

Country Rock, Eddy Mitchell, 2021, 13,20 €.

"UN PETIT PEU D’AMOUR"