Les lecteurs de Vie nouvelle me pardonneront une petite infidélité au roman noir, dont Jacques Mondoloni est cependant une des plus belles plumes. L’auteur du bouleversant Il faut partir, Quilichini ressuscite sa jeunesse, lorsque jeune sonorisateur il escortait sur les routes de France idoles des jeunes et grands ou moins grands de la chanson. C’était Mai 68 et il avait 20 ans, la France se donnait aux contestataires, dont beaucoup avaient troqué leur costume trois-pièces pour des tenues plus voyantes et donnaient des leçons à Vilar, Barrault et aux ouvriers de chez Renault « embourgeoisés ».

Fleur de rage est l’épopée d’un sans grade, et sans plan de carrière, un saltimbanque prêt à se vautrer sans retenue dans la grande permissivité d’une époque dont le costume étriqué craque de toute part. Une fresque haute en couleur, où le dérisoire le dispute au pathétique, narrée avec une truculence et dans une langue que n’aurait pas reniée Villon ou Rabelais. À déguster sans modération !

Roger Martin

Fleur de rage, Jacques Mondoloni, 2016, éditions Arcane 17, 22 €

Un entretien vidéo dans lequel Jacques Mondoloni revient sur la genèse de son roman "Fleur de rage" largement inspiré par son métier de sonorisateur, témoin pendant plus de 30 ans des carrières de Johnny Halliday, Joe Dassin, Hugues Auffray et tant d'autres...