Il y a ceux qui cherchent le best-seller, formatent leurs récits, cultivent violence gratuite, sexe et cynisme en espérant l’adaptation au cinéma. Et puis, il y a les autres, ceux qui écrivent pour dire le monde tel qu’il ne va pas.

 Avec Les Chemins de la haine, l’anglaise Eva Dolan vient de faire irruption au sein des grands auteurs de roman noir. Son ouvrage, une balade désespérée dans une Angleterre qui ne se remet toujours pas des destructions thatchero-blairistes, entre violences racistes, petits trafics, esclavage moderne et travail au noir, jette une lumière crue sur une société qui perd tout repère et toute humanité et où crise économique et désir d’une vie meilleure semblent se conjuguer pour pousser les victimes à se montrer aussi inhumaines que leurs bourreaux.

Qui est responsable de la mort de JaanStepulov, immigré estonien brûlé vif dans un abri de jardin? Zigic et sa partenaire Ferreira, des flics déchirés mais pas blasés, hier étrangers eux-aussi, vont enquêter en enfer.

Roger Martin

Les Chemins de la haine, Eva Dolan,2018, Liana Levi, 20 €