REPARTIR À L’OFFENSIVE

Au début du 2e confinement, Augustin a quitté la fac. Sa 3e année en sociologie se passait bien, mais le besoin de retrouver du sens et de la motivation l’ont conduit à faire une pause. Les boulots précaires d’étudiants, mal payés, il connaît…le code du travail, la protection sociale restent des « garde-fous essentiels », selon lui.

« Les acquis sociaux ? Ils devraient être inscrits dans le marbre ! », déclare-t-il. Devraient, car depuis quelques années, on revient en permanence dessus. Difficile pour lui d’imaginer une société sans le socle d’acquis sociaux dont nous bénéficions aujourd’hui. Socle constitué de lois, de codes, de mesures et d’accords qui fondent notre organisation démocratique et sociale.

Ce sont les marqueurs culturels et historiques du progrès social, les remettre en cause, c’est amorcer le déclin et le retour en arrière. Au-delà des améliorations matérielles, ils symbolisent les valeurs fortes qui nous rappellent que les avancées sont obtenues par la lutte, la solidarité et la force de l’action collective. Les remettre en cause, c’est risquer de faire disparaître « cette symbolique de la force de l’espoir et du refus de la fatalité ».

Augustin constate qu’aujourd’hui l’action n’est plus offensive pour gagner des nouveaux droits, mais défensive pour limiter la casse face à une propagande libérale efficace contre des acquis qui seraient des privilèges, « je me souviens de la propagande anti-cheminots, notamment, qui trouvait son public ».

Propagande assise sur une « société individualiste qui nous fait croire qu’on vit et qu’on se construit seul. Ça m’attriste et me sidère… » mais dans le même temps, « on ne doit pas baisser les bras, il faut repartir à l’offensive et se battre, militer dans les syndicats, associations ou autres pour retrouver le pouvoir d’agir. »

Il aurait envie de « mettre un coup à la méritocratie car trop de choses sont déterminées par le milieu d’origine et la réussite individuelle ». La solution passe aussi, pour cet étudiant, par « la nécessité de redonner aux citoyens des clés de lecture et la sociologie peut largement nous y aider. »

Augustin a, pour l’instant, mis de côté ses activités militantes. Mais, c’est certain, il les reprendra sous une forme ou une autre, dès que possible.

La retraite, un acquis essentiel

Le système de retraites que nous connaissons aujourd’hui est le produit de décisions politiques et de lutte. Les premiers systèmes de retraite spécifiques ont été mis en place dès la fin du XVIIe siècle, notamment par la création en 1673, par Colbert, de la Caisse des invalides de la marine. Et l’idée d’un droit à la retraite a émergé dans le sillage de la Révolution française.

Par la suite, des systèmes de mutuelle ou d’assurances sont apparus, ils ne concernaient que très peu de monde. La solidarité familiale ou la charité chrétienne prenaient en charge les « anciens »… ou pas. C'est à la Libération, avec les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945, qu’est instauré un régime général de Sécurité sociale et assurance vieillesse pour tous les salariés. Ce système fonctionne par répartition : les pensions des retraités sont payées par les cotisations des actifs qui se constituent ainsi des droits pour leurs futures retraites.

Historiquement long à se mettre en place, le système de retraite a joué pleinement son rôle. Les réformes menées ces dernières années ou à venir ne passent pas, elles menacent un pacte social solidaire et intergénérationnel au nom de l’équilibre financier !