Mercredi 25 octobre les retraités CGT de Chaumont en Haute-Marne lancent une pétition contre la hausse du prix du fioul, du gaz et des carburants. NON AU RACKET ! En quelques jours des dizaines de milliers de signatures sur internet et dans les marchés. Richard Vaillant nous écrit comment cela a été possible.
Nous connaissions le mécontentement des Haut-Marnais sur cette question. Il suffit d’en parler en famille, avec ses voisins. Et nos réunions syndicales résonnent aussi de la colère des adhérents. Nous avions déjà pu ressentir cette opposition aux différentes augmentations des produits pétroliers lors des manifestations des 9 et 18 octobre et naturellement lors de nos présences hebdomadaires sur les marchés à Chaumont et à Langres.
Nous savions aussi que cette colère était très forte chez les retraités car cette hausse s’ajoute à toutes celles qui portent atteinte à leur pouvoir d’achat : hausse de la CSG, blocage des pensions, attaques contre la sécu.
Des retraités nous ont fait part des difficultés qu’elles et ils rencontraient pour remplir leur cuve de fuel à l’entrée de l’hiver avec un prix au litre qui a augmenté de 30%. Pour le gaz la hausse avoisine les 16%. Car dans un département rural avec une population qui vit majoritairement loin des centres urbains, il faut utiliser son automobile pour faire ses courses, aller dans un service public (Poste, perception...), consulter son docteur ou un spécialiste à Langres, Chaumont, Saint-Dizier et souvent à Dijon, Nancy ou Reims...
La hausse du prix des carburants est donc ressentie comme une injustice supplémentaire, une nouvelle et brutale agression contre le pouvoir d’achat.
« J’ai 81 ans, ce n’est pas à mon âge et avec ma pension que je peux changer ma chaudière... ». Il en est de même pour le chauffage au gaz où parfois la facture (en chauffage collectif) peut augmenter de plus de cent euros annuellement. Et la douloureuse est encore plus forte en chauffage individuel.
Si nous nous attendions à une forte réaction, l’ampleur prise par notre pétition nous a surpris. En une journée nous avons recueilli 10 000 signatures. Et le rythme ne faiblit pas. Trois jours après nous sommes en passe d’atteindre les 30 000 signatures. Bien sûr, nous allons continuer. Certes, il n’y a pas seulement des Haut-Marnais qui signent. L’effet réseaux-sociaux a joué et ce qui était au départ une initiative locale est en passe de devenir un petit événement syndical au plan national. Cela dit nous sommes partis humblement du réseau propre au syndicat (envoi de notre journal hebdomadaire et pub pour notre site) mais aussi, qu’elles en soient remerciées, des adresses mails des organisations de l’UCR, départements et professions. Et plusieurs milliers de Chaumontais et Haut-Marnais ont répondu à l’appel de notre syndicat.
Phénomène amplificateur, des sites syndicaux, associatifs et politiques ont mis le lien du site Change.org en ligne un peu partout dans le pays. Il a été relayé dans des dizaines de pages Facebook... Marque de la profondeur du mécontentement face à la politique de Macron et de son gouvernement.
Des dizaines de pétitions ont fleuri sur la toile, pour la plupart -presque toutes en vérité-, lancées à titre personnel. Elles sont indispensables en démocratie. Parfois elles sont le seul recours, le seul moyen de prendre position sur tel ou tel sujet d’actualité, de se faire entendre et de manifester sa grogne et son mécontentement et de tenter d’organiser la riposte face un pouvoir autoritaire, égocentrique et méprisant. La date du 17 novembre est en débat dans les réseaux sociaux. Que l’extrême droite tente de récupérer cette colère à son profit jette un trouble légitime et cela montre qu’il y a besoin que les forces syndicales ou associatives démocratiques soient plus à l’initiative.
Notre pétition porte cette colère des retraités au nom de la CGT. Pas de faux-fuyant. Nous n’avançons pas masqués et c’est sans doute pourquoi elle rencontre tant d’échos et de sympathie...
Retraités et salariés sont ulcérés, presque offensés que le gouvernement prenne prétexte des questions environnementales pour justifier ce qui n’est au fond qu’une question de gros sous. Le gouvernement Macron-Philippe veut baisser le pouvoir d’achat des retraités. Et il semble bien que tous les moyens sont bons : impôts, taxes, mutuelles. Logique macronienne : il faut bien prendre chez les retraités pour donner sans compter aux riches.
La réforme de la SNCF avec son cortège de suppression de lignes, de diminution du fret est l’exemple type que l’Etat se moque de l’écologie comme de sa première chemise...
Notre pétition va bien sûr se poursuivre sur internet et dans une large mesure, elle est devenue le bien commun de toute la CGT-retraités, mais pour nous, syndicat des retraités de Chaumont-Langres, elle ne fait que commencer car maintenant nous allons faire la récolte - c’est un mot approprié- des signatures papier. A la rencontre des retraités dans les villages, les quartiers et sur les marchés pour échanger, débattre, parler revendications, rassemblement, unité et renforcement.
Notre première expérience a eu lieu samedi 27 octobre (le jour des 20 000 signatures internet) sur le marché de Chaumont. Un panneau, deux tables, le journal du syndicat, les pétitions, des stylos qui avaient bien des pannes à cause du froid et 300 signatures en deux heures et tant d’amicales discussions, de belles rencontres, tant d’indignation, de rage et de hargne vis-à-vis de ceux qui gouvernent. Un homme interpelle une militante : c’est la première fois que je signe une pétition de la CGT ! Il a un sourire aux lèvres.
N’oublions pas l’essentiel : notre syndicat a réalisé trente deux adhésions depuis le début de l’année et c’est lors d’une réunion destinée aux nouveaux adhérents et avec eux que la décision de pétitionner a été prise...
Richard Vaillant
La pétition des retraités de Chaumont sur change.org
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