Ce qui s’est passé samedi et qui pourrait se prolonger est l’expression d’une immense colère. Et on aurait tort de limiter cette colère aux seules augmentations des carburants. Je me souviens qu’avant les vacances, la « convergence » des luttes étaient couramment évoquée. Elle n’a pas eu lieu et on ne pourra pas accuser la CGT d’être restée les pieds dans le même sabot sur cette question. Mais c’est un fait, la convergence des luttes n’a pas eu lieu.
En revanche, la convergence des colères a bien lieu : celle des salariés, celle de ceux qui ont obligatoirement besoin de leurs véhicules pour aller travailler ; celle des petits salaires dans le rouge le 15 du mois ; celle des retraités victimes d’un véritable racket ; celle des petites et moyennes entreprises persécutés par les banques ; celle des chômeurs, des sans ressources…
Ajoutez à cela un fort et justifié sentiment d’injustice entre ceux qui peinent et les amis de Macron qui se gavent à l’instar de Carlos Ghosn qui couche ce soir en prison à Tokyo pour fraude fiscale. Ajoutez, aussi, un dégoût face à l’arrogance et au mépris gouvernemental et vous réunissez ainsi tous les ingrédients pour la convergence des colères. La question, c’est comment transformer cette colère en prise de conscience des raisons de cette situation, cibler les responsables, proposer une alternative à la politique suicidaire de Macron.
Il y a eu environ 300.000 gilets jaunes dans les rues. C’est très important. Avez-vous remarqué que lorsque les syndicats rassemblaient au printemps dernier un chiffre de manifestants à peu près du même nombre, les médias annonçaient un « échec » ?
Avez-vous noté à Nice la présence du sinistre « Républicain » Cioti revêtu d’un gilet jaune ? De Wauquiez au Puy en Velay ? Du FN et compagnon de Mme Le Pen, Louis Aliot paradant à Perpignan ?
Avez-vous bien compris les interventions des chefs de la droite et de son extrême ? Ils préconisent la baisse des taxes et… de la dépense publique, c’est à dire de l’éducation, de la santé, de la solidarité, de la police… Sans jamais demander le rétablissement de l’ISF, le remboursement des milliards versés aux grands patrons avec pour résultat un chômage toujours aussi ravageur et une augmentation vertigineuse des profits des actionnaires. Les milliards d’évasion fiscale, ils ne connaissent pas. Les dépenses somptuaires, ils ne sont pas au courant.
Quant à l’argument écologique, il y a de quoi se plier en deux. Une véritable politique écologique devrait par exemple taxer les énormes bateaux de tourisme qui polluent mille fois plus que toutes les voitures diesel circulant en France et mener une action en faveur du transport ferroviaire débarrassant nos routes des gros camions. Mais là, on n’entend plus rien.
La question centrale étant le niveau de vie, la solution passe par l’augmentation du smic, des salaires et des pensions, par une taxation des grosses fortunes, par une lutte sans merci contre l’évasion fiscale, par une baisse des taxes sur l’alimentation et les carburants.
J’ajoute que samedi il y a eu un mort et plus de deux cents blessés. Et quelques manifestations racistes. Nous n’avons pas connu de tels événements lors des manifestations syndicales. Il y a une leçon à tout cela : lorsque ce qu’on appelle « les corps intermédiaires » particulièrement les syndicats sont méprisés, baladés lors de prétendues négociations, relégués à des chambres d’enregistrement, le risque est grand de sombrer dans l’aventure, y compris celle qui conduit au fascisme.
José Fort
Photo de Une : Gaël HERISSE dans L'Aisne nouvelle
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