Le président de la République vient encore de sortir son fiel contre 16 millions de retraités. Ils seraient décalés par rapport à la réalité. Ce mépris est insupportable, certes, mais il oblige à une réponse : la mobilisation. Et elle est au rendez-vous !
L’insulte est devenue un mode de gouvernement et renvoyer les retraités à leurs chaises roulantes aura produit le contraire de l’effet recherché. Jamais on n’aura vu autant de retraités dans les manifestations organisées par l’intersyndicale ou sur les ronds-points - souvent les deux à la fois - faisant la queue dans les mairies pour exprimer leur colère et porter leurs revendications dans les cahiers de doléances. On ne les aura jamais autant vus avec les actifs, là où les luttes se développent, dans les services publics et dans le privé, des bureaux d’EDF occupés à la porte du trust Amazon.
Certes, les retraités n’ont plus la force de la jeunesse, confrontés au vieillissement inéluctable. Mais ils ont un atout majeur : leur vécu. Trois générations ont connu une autre société que celle d’aujourd’hui. Ils peuvent donc transmettre leur expérience et leur faculté de résistance.
S’ils sont attaqués de plein fouet avec la CSG et bien d’autres mesures scandaleuses, ils sont aussi parents et grands-parents. Dans le mouvement des gilets jaunes, nous avons vu ce que nous ne voyons pas trop dans les manifestations syndicales, à savoir la famille entière mobilisée. Prenant la pose devant la maison familiale durement acquise, devant une voiture ou à l’occasion d’une collation conviviale entre manifestants avant ou après les actions ; et cela sur tout le territoire.
Loin de peser sur les autres générations, les retraités en sont le soutien le plus assuré. Pourquoi ? Parce qu’ils ont le temps et n’ont rien à perdre. Ils sont moins sollicités par la pression du quotidien.
Les retraités sont aussi un point d’appui, non pas pour revenir à un passé qui ne se refait pas, mais pour participer aux réflexions alternatives nécessaires pour sortir de l’impasse dans laquelle le peuple est cantonné. Tous les enjeux intéressent les retraités, y compris la question du redéploiement du tissu industriel, de l’économie solidaire, de la défense du service public, pour ne citer que cela. Dans le même temps, en défendant leurs intérêts, ils aident les futures générations à créer les conditions nouvelles de la solidarité collective.
Oui, vraiment, Monsieur le président de la République, le décalage dont vous parlez, c’est le vôtre. Rendez-vous le 11 avril !
Yvon Huet
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis