Face à la crise humanitaire mondiale provoquée par le coronavirus un seul comportement compte : solidarité et discipline. Ce qui n’interdit pas de s’interroger sur les causes et réfléchir aux solutions.
L’épidémie devenue pandémie exige une mobilisation de tous pour combattre ce mal déversé sur le monde entier. Comme toujours, les Français et en premier lieu les salariés et les retraités sont au premier rang du combat. Mais souligner la nécessaire, l’obligatoire et disciplinée levée en masse pour endiguer le virus n’empêche pas de s’indigner, de s’interroger, d’exiger.
Il ne suffit pas de louer le travail des soignants « héros » aujourd’hui, selon le président de la République, après avoir été réprimés, gazés, interpellés, arrêtés, humiliés, méprisés alors que médecins, infirmières et aides soignantes criaient leur colère face à l’agonie programmée de l’hôpital public. Les envolées lyriques présidentielles ne trompent plus personne ou presque. L’heure est aux actes concrets pour sauver notre performant service de santé : déblocage en masse des crédits nécessaires pour améliorer et moderniser les structures, augmentation des salaires, formation et embauches.
Que veut dire M. Macron lorsqu’il assure que les moyens seront donnés « quoi qu’il en coûte », alors qu’il n’y a pas si longtemps il fustigeait le « pognon de dingue » attribué aux services publics et à l’aide sociale ?
Qu’entend-il en annonçant des mesures de « rupture » pour l’après crise ? S’il s’agit d’accompagner réellement un plan de sauvetage et de développement de notre service de santé en y mettant, comme on dit, « le paquet » nous approuverons sans réserve mais pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? Ce qui est possible aujourd’hui ne l’était pas hier ?
Quant à la « rupture » en matière sociale et de santé, il est inutile d’attendre. Il suffit de retirer et pas seulement de suspendre le projet de réforme des retraites qui serait actuellement mis à mal au vu de l’effondrement des Bourses, de coucher noir sur blanc un véritable programme conquérant de santé publique, d’annuler les mesures discriminatoires notamment contre les chômeurs et les retraités.
La santé n’a pas de prix, affirme encore M. Macron ajoutant qu’elle doit être étrangère aux « marchés ». Depuis des lustres, nous répétons cette évidence. Mais là encore, des actes M. Le Président. En voici quelques-uns : retour de l’essentiel de la production pharmaceutique en France, nationalisation des industries de ce secteur, taxation des énormes bénéfices réalisés par les actionnaires.
Un virus, un simple virus, vient de mettre à jour les dysfonctionnements de la société ultra libérale mondialisée. En quelques semaines, le modèle que l’on nous vante depuis des décennies s’est effondré. L’Union européenne a montré ses limites et son égoïsme confirmant son incapacité à répondre aux demandes des peuples, engluée qu’elle est dans la recherche exclusive de la domination des marchés, de la compétitivité, de l’argent roi.
Il est temps de tourner cette sinistre page. Et si de cette crise sanitaire majeure émergeait une prise de conscience sur le véritable responsable de la tragédie, le capitalisme, et une possible construction d’une société débarrassée de la course au profit, une société au service des femmes et des hommes d’une Terre redevenue accueillante ? Rêve ? Utopie ? N’est-ce pas le poète et écrivain André Breton qui écrivait : « L’imaginaire, c’est ce qui tend à devenir réel ».
José Fort
Photo à la Une : Allaoua Sayad
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