Les musiciens sont dans la tourmente, mais ils s’en inspirent pour continuer à créer et jouer coûte que coûte. En plein deuxième confinement, R.Wan - des groupes Java et Soviet Suprem - sortait chez Poupa Prod un nouvel album solo, excellent, La Gouache. Là encore, les paroles comme la musique font mouche : « Il faudrait qu’on soit cool/Alors qu’on coule/Il faudrait qu’on soit beau/alors qu’on prend l’eau (…) » Idem pour HK dans sa délicieuse Petite Terre où le titre Les fainéants sont dans la rue n’y va pas avec le dos de la plume : « Se faire traiter de fainéants par un seigneur/Qui n’a jamais sué une seule goutte au labeur/Se serait comme se faire qualifier de cynique/Par le premier méprisant de la République (…) »
Comme le rapportait Le Canard enchaîné en date du 9 décembre, le chanteur de The Hyènes, Denis Barthe, donnant un concert dans une salle vide, retransmis sur Internet, balançait au micro : « Peut-être que vous auriez pu être dans une rame de TGV, serrés avec des masques (…). Mais on est dans une salle de concert. » Bref, les troubadours ont de la ressource et le prouvent.
Ceux qui les accompagnent aussi, des producteurs aux attachés de presse. Ainsi Bruno Cariou du label Néômme qui produit notamment la chanteuse Amélie-les-Crayons – dont le nouvel album-livre La Bergère aux Mains Bleues, sorti en décembre - a envoyé une trentaine de lettres à Roselyne Bachelot. Rendues publiques notamment via son blog, elles sont succulentes, extrait : « Le monde d'après. Au fil des temps de crise qui passent, il a pris du plomb dans l'aile. J'ai écouté votre France Culture ma chère Roselyne, et votre idée des deux mondes culturels séparés : le Patrimoine et le Numérique. Votre monde d'après à vous, c'est de relier les deux, avec l'idée que modernisation = numérisation. C'est super Roselyne mais c'est pas le monde d'après ça. »
Patricia Espana, attachée de presse, à son compte, de pléthore d’artistes depuis près de vingt ans, est « à sec de chez à sec ». Elle allait être dans le rouge écarlate si elle n’avait pas touché le fonds de solidarité. Elle a tout de suite adhéré à l’idée de monter un syndicat. L’Apres, pour Attachés de presse réseau entraide syndicat, vient de voir le jour. « Cela va nous permettre de discuter avec les institutionnels, de défendre notre métier mais aussi de définir une grille tarifaire pour que les jeunes, notamment, ne bradent pas leur travail. » La musique ne fait pas qu’adoucir les mœurs, elle file la pêche.
Amélie Meffre
Photo de Une :
HK dans une manifestation des personnels de santé chante « Pour les autres » (captation vidéo)
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