Les six dernières années, les plus chaudes depuis un siècle, montrent l’urgence d’agir pour laisser une planète vivable aux jeunes générations. En novembre milliardaires et chefs d’État ont monopolisé les tribunes de la Cop26 à Glasgow avec des promesses qui ne débouchent sur rien, alors que des solutions existent.
À l’ouverture de la Cop26, plus de 400 avions, dont une majorité de jets privés, ont atterri à Glasgow. Sur sa fortune personnelle de 100 milliards de dollars, Jeff Bezos, patron d’Amazon, a promis de verser 2 milliards pour planter des arbres en Afrique. Il compte en récupérer davantage en organisant, pour les très riches, des voyages dans l’espace, très émetteurs de CO2. Emmanuel Macron s’est contenté de demander aux autres pays de « rehausser leurs ambitions », dans le cadre des engagements de cette Cop26 alignés sur ceux de la Cop21. Le non-respect de ces derniers est démontré et ne permettra pas de contenir la hausse globale de la température à +1,5°C sur celle du XIXe siècle.
En Europe, comme aux États-Unis, les émissions de CO2 seront en hausse de 7,6% en 2021 sur 2020, année de récession pour cause de Covid-19. En Chine et en Inde, elles augmenteront encore durant des décennies. La spéculation sur le prix du pétrole, du gaz et du charbon montre que l’économie capitaliste mondialisée va encore faire croître ses émissions de CO2. Les solutions, fondées sur la course au profit, déplacent les problèmes au lieu de les résoudre. On l’a vu avec le marché du carbone mis en place dans l’Union européenne sur la première décennie de ce siècle. Un quota annuel gratuit de CO2 est attribué aux entreprises les plus polluantes. Elles ne devaient pas le dépasser sous peine d’acheter des droits à polluer aux entreprises qui réduiraient leurs émissions. Mais il suffisait de délocaliser des productions industrielles hors de l’Union européenne pour avoir du carbone à vendre. Au point que la tonne de CO2 passa très vite de 30€ à 7€ sur le marché spéculatif.
La Commission européenne a proposé, le 14 juillet 2021, d’interdire, à partir de 2035, la vente des véhicules neufs équipés d’un moteur thermique au profit exclusif des voitures électriques. Ce qui suppose la transformation rapide d’un secteur industriel gourmand en métaux de toutes sortes et prompt à délocaliser des productions dans les pays à bas coûts de main-d’œuvre pour accroître les marges. Comme une voiture électrique doit rouler 40 000 kilomètres avant que son bilan carbone ne passe sous celui d’une voiture thermique, on voit mal comment l’Europe atteindra la neutralité carbone en 2050, via cette conversion.
Outre la construction de ces voitures et de leurs batteries, il faudra produire beaucoup plus d’électricité, laquelle provient aujourd’hui majoritairement du charbon et du gaz dans des pays comme l’Allemagne, la Pologne, la Roumanie et d’autres. Le bilan carbone de cette conversion accélérée à la voiture électrique, sans chercher à réduire le nombre de véhicules en circulation, sera désastreux en Europe. Surtout si elle continue, comme actuellement, d’exporter en Afrique 4 millions de véhicules thermiques d’occasion après les avoir retirés du marché sur le vieux continent.
La Cop26 n’a fait que reprendre les promesses non tenues des pays signataires de la Cop21 de Paris, en décembre 2015. La rencontre de Glasgow a confirmé les craintes formulées dans le numéro 225 de Vie nouvelle sur les enjeux climatiques. Voilà qui conforte l’analyse et les propositions que faisait le magazine des retraités CGT pour réduire le bilan carbone de l’économie, comme de chaque citoyen par des choix personnels. En France, il faut réduire les transports sur route au profit du rail, isoler les logements, promouvoir l’agroécologie et l’agroforesterie afin de favoriser la fertilité naturelle des terres agricoles.
Gérard Le Puill
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis