Quel parcours que celui de Flora Tristan ! Orpheline et bâtarde, elle voyagera seule jusqu’au Pérou pour réclamer sa part d’héritage. Ouvrière, mariée à 17 ans à son patron, elle se battra contre un mari violent pour obtenir le divorce. Femme de lettres et enquêtrice sociale, elle visitera les bas-fonds londoniens et sillonnera la France à la rencontre des prolétaires pour promouvoir « l’Union ouvrière ».
Brigitte Krulic, professeure des universités (Paris-Nanterre), nous livre une nouvelle biographie de Flora Tristan (1803-1844) qui narre par le menu sa courte mais riche vie, consacrée à « faire sonner le 89 des femmes ».
Très tôt, Flora va bousculer les normes de son époque en imposant sa place de femme dans l’espace public. Alors que le Code Civil a aboli le divorce et dévolu tous les pouvoirs au mari, elle se sépare de son époux quatre ans après leur mariage. S’ensuivront des années de combat où les déboires matrimoniaux feront la Une des journaux, le mari éconduit ayant tenté d’assassiner sa femme. À 30 ans, elle part au Pérou pour tenter de récupérer son héritage, alors que sa mère a épousé Don Mariano de Tristan y Moscoso, officier, issu d’une riche famille espagnole installée dans la colonie du Pérou. Leur mariage religieux n’ayant pas été enregistré par l’état civil, elle échouera.
S’inspirant de ce voyage incroyable pour une femme seule au milieu du XIXe siècle, elle publiera son premier ouvrage en 1937, Pérégrinations d’une Paria, où elle revendique son statut de femme libre et de bâtarde pour mieux dénoncer les injustices.
Elle partira ensuite à Londres, cette « ville monstre », foyer du capitalisme et du paupérisme, où elle visitera les ateliers infâmes et les bordels qu’elle décrira dans ses Promenades dans Londres. De retour en France, elle va batailler pour imposer « l’Union ouvrière ». Proche des socialistes utopistes, Fourier, Saint-Simon, Owen, elle entend dépasser les doctrines et proposer des solutions concrètes : convaincre les ouvriers de constituer un groupe social mettant leurs intérêts en commun, sans distinction de statut, de métier, de nationalité ou de sexe.
Elle écrit une brochure, publiée à 24 000 exemplaires grâce à une souscription, L’Union ouvrière, où elle détaille son programme. Parmi celui-ci, l’émancipation des femmes, condition préalable et incontournable à l’affranchissement des ouvriers. Bravant les interdictions de rassemblements, elle part sillonner la France pour défendre son programme. Brigitte Krulic nous relate les étapes de son tour de France. Passionnant !
Amélie Meffre
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis