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ERNEST PIGNON-ERNEST, L’HUMAIN AU COEUR

Bien que l’œuvre soit conçue pour être regardée dans la rue et non pas dans un musée, l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 15 janvier 2023, dans le très beau cadre de l’ancien couvent des Capucins * à Landerneau (29) n’enlève rien à la force des travaux qui y sont présentés.

L’exposition bouscule, comme le ferait un coup de poing, par la force des dessins et parce qu’au-delà de leur beauté, c’est de nous et à nous que s’adresse cet inlassable lanceur d’alerte qu’est Ernest Pignon-Ernest.

Ses personnages, dessinés à échelle humaine, collés dans les rues des villes de nombreux pays ou sur les lieux de tragédies, semblent surgir des murs pour nous dire : regardez, regardez-vous, regardez-nous, regardez ce que des êtres humains font à d’autres, ce que nous laissons faire, regardez la misère dans nos sociétés, ne détournez pas les yeux, n’oubliez-pas !

« Je fais œuvre des situations » E. Pignon-Ernest.

Bien évidemment, l’originalité de la démarche artistique : dessins sur papier et collage sur les murs de sites emblématiques, font que les œuvres, éphémères et dégradables, ont pour la plupart disparu. Ce sont donc leurs photographies qui nous sont présentées, grandeur nature et dans leur contexte, là où elles ont été vues par les passants, parfois déchirées ou abimées par le temps. Leur réunion sur un seul site permet de mieux encore percevoir la profonde humanité qui habite l’artiste.

L’artiste qui fait parler les murs

Un histogramme à l’entrée de l’exposition reprend les principales dates de son parcours montrant que, citoyen engagé nourri de poésie et de valeurs humanistes, il ne cesse de nous alerter sur l’état de nos sociétés.

Les œuvres sont accompagnées des travaux préparatoires, des ébauches des dessins et présentées par un texte de l’artiste. Une photographie de son atelier montre où sont ses inspirations, ses références, qui sont ses amis.

La force de l’exposition, que l’on a du mal à quitter, est qu’elle offre différents centres d’intérêts. Il y a la beauté des dessins mais aussi toutes les histoires, de ces femmes, de ces hommes et des lieux qui ont inspirés Ernest Pignon-Ernest.

Les dessins sont faits essentiellement au fusain, à la pierre noire et parfois à l’encre. Ils sont ensuite sérigraphiés sur des chutes de rouleaux de papier-journal vierge. La simplicité des matériaux et des supports, le noir et blanc, comme le cadre de leur exposition au public des rues, amplifient encore la force des messages. Quant aux lieux des collages, ils ne doivent rien au hasard ! Dès sa conception, l’artiste sait où et comment sera installé son dessin pour être vu par les passants. Pour lui, « le lieu fait parler l’image ».

L’artiste qui dénonce les maux

Le premier collage en 1966 dénonçant l’installation de la force de frappe nucléaire sur le plateau d’Albion, sera le début d’une fructueuse et magnifique œuvre.

Les dessins expriment les maux de notre quotidien : la détresse de ce couple expulsé de son logement, ces ouvriers jetés au chômage, ces immigrés entassés dans les sous-sols, cette femme africaine portant un malade du Sida, cette affiche des anti-IVG proclamant « l’avortement tue » magnifiquement détournée en « l’avortement tue les femmes » et l’image d’une femme à terre, écartelée…

Ernest Pignon-Ernest dénonce les injustices, le racisme, la xénophobie, partout dans le monde. Il va y faire revivre le souvenir des martyrs : Maurice Audin à Alger, Pier Paolo Pasolini à Ostie, Rome, Naples. C’est d’ailleurs le magnifique dessin du poète portant son propre cadavre, réalisé pour le 40e anniversaire de son assassinat, qui fait la Une du catalogue de l’exposition.

Féru de poésie et ami des poètes, il tient à les honorer chez eux : Mahmoud Darwich en Palestine, Pablo Neruda au Chili, Jacques Stephen Alexis en Haïti.

Paradoxalement, alors qu’ils se veulent éphémères, bien des dessins de ce pionnier de l‘art urbain sont toujours présents dans nos mémoires et plus connus que bien des tableaux de maîtres enfermés dans les musées.

L’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest est un livre non écrit de l’histoire des hommes. Il invite à ne jamais rester indifférent.

Hélène Salaün

LEGENDES / CREDITS
- Pasolini assassiné, Rome, 2015/©Ernest Pignon-Ernest©Adagp 2022 ©FHEL
- Portrait ERNEST PIGNON-ERNEST / ©Photo Bruno Paccard
- La Commune, 1971/©Ernest Pignon-Ernest ©Adagp 2022 ©FHEL 2022

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