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FICTIVE RENCONTRE AVEC JEAN TEULÉ

 

Il avait immédiatement donné son accord pour cette rencontre avec notre magazine en nous demandant juste le temps de peaufiner son dernier ouvrage. Je m’apprêtais à le rappeler pour prendre rendez-vous, lorsque la radio nous apprend sa mort brutale…

Qu’à cela ne tienne ! Nous avions quelques questions en poche. Les hommages, nombreux et justifiés, qui lui ont été rendus, nous ont donné matière pour, malgré tout, proposer cette fictive Rencontre avec… Jean Teulé.

Vous ne trouvez pas que l’histoire de votre vie, comme celle de votre mort rappelle celles, tout aussi improbables, que vous vous plaisez à nous raconter ?
Peut-être. Mon père était charpentier. C’est à l’occasion d’un chantier en Bretagne qu’il a rencontré ma mère, serveuse dans un café. Le paternel était coco et le faisait savoir. Ce qui lui a valu quelques ennuis avec ses employeurs. Mes parents ont vécu deux ans dans ce qui ressemblait plus à une baraque qu’à une maison, puis ils sont venus en région parisienne. Mon père y a poursuivi son métier et ma mère y a trouvé une place de concierge puis de femme de ménage pour les écoles de la ville d’Arcueil.

Comment le petit Jean Teulé a-t-il tracé son chemin pour devenir ce qu’il est devenu ?
Dans la tendresse… mais avec de mauvais résultats scolaires ! Au point qu’à la fin de la troisième, on m’a franchement recommandé d’en rester là. À l’époque, on m’orientait vers la mécanique auto plutôt que vers la philo ou les équations. Heureusement, mon prof de dessin avait perçu chez moi quelques potentialités. Mes parents ont soutenu cet élan et me voilà admis à l’école d’Arts appliqués de la rue Madame. Mon meilleur copain de classe s’appelait Jean-Paul Gaultier… oui, oui le couturier ! Tous les deux, nous nous sentions différents des autres enfants. Ni lui ni moi ne s’est étonné de ce qui lui est arrivé ensuite dans sa vie.

Et à l’issue de ces études ?
Les circonstances font que je rentre à L’Écho des Savanes (plusieurs de vos lecteurs connaissent ce canard mythique). Et me voilà embarqué dans la bande dessinée. Je travaillais à partir de photos que je triturais et massacrais gentiment.

À ceux qui les connaissent, le réalisme tourmenté de vos images faisait écho à vos tourments personnels ?
Peut-être. Toujours est-il qu’à Angoulême, au Festival de la BD, le jury me bombarde le titre de « Contributeur exceptionnel au renouvellement de la BD ». Vous me croirez si vous voulez, mais j’ai pris ça comme un titre posthume… J’ai, sur le champ, abandonné le dessin pour me lancer, à la télé, dans des émissions un peu loufoques et, je ne sais pas pourquoi, dans l’écriture.
J’aime les gens spéciaux qu’ils soient fictifs ou historiques. Mon idée était tout d’abord de faire vivre ou revivre, différemment qu’à l’habitude, des poètes connus de tous : Rimbaud, Verlaine, Villon, Baudelaire… mais aussi de raconter à ma manière des histoires vraies, connues ou inconnues, plus incroyables ou rocambolesques les unes que les autres. Y compris celles concernant des moments importants de l’histoire de France. Je peux m’enfermer un an pour écrire un livre, et ce n’est pas une souffrance.

Je me marre lorsqu’il m’arrive d’aller dans des écoles ; les enfants me disent : « M’sieur, si c’était vous qui nous donniez des cours d’histoire, on aurait de meilleures notes. » Ce doit être ma petite revanche personnelle sur les aspects étriqués de l’institution scolaire !

Que souhaiteriez-vous que l’on grave sur votre tombe ?
Quelque chose comme : « Ci-gît un type plutôt sympa ».

Pierre Corneloup


 Jean, un type bien

Notre ami José Fort, qui a côtoyé Jean Teulé au sein de la rédaction du journal Avant-Garde, se souvient de « ce type bien » :

« C’était au début de l’année 1973. Je vois un grand type tout sec à la chevelure rousse abondante débarquer à la réunion de rédaction d’Avant-garde, le magazine des jeunes communistes. Une tornade. Plein d’idées et un humour à dérider les plus féroces gardes rouges réunis là.
À l’époque, il dessinait. Pendant un bon moment, les pages d’Avant-garde ont été égaillées de son crayon. Puis il a rejoint L’Écho des Savanes. Puis, puis, il a fait plein de choses : émissions de télé, écritures, et des bouquins à la pelle. Son dernier* a été tiré à 300 000 exemplaires.
Jean n’a jamais oublié d’où il venait, ses racines populaires, sa famille communiste. Il avait choisi sa façon à lui de s’exprimer. Un parcours original, talentueux. Jean, un type bien. »


*Azincourt par temps de pluie, Jean Teulé, 2022, éditions Mialet Barrault, 19 €.


Crédit photo : wikimedia-commons - G. Garitan

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