Nous avons rencontré Julien Lauprêtre, président du Secours populaire à la veille des Assises nationales, européennes et mondiales qu’il organisait à Marseille du 20 au 22 novembre 2015. Un événement mondial porteur d’espoir.
Julien Lauprêtre : Le SPF a beaucoup grandi depuis 1945. Avec plus d’un million de membres et 80 000 bénévoles, il est la première organisation de solidarité en France. Son bilan est à la hauteur de ses ambitions dans un monde qui change et qui souffre toujours de mauvaises conditions de vie. L’an dernier, nous avons aidé 2,8 millions de personnes et distribué 181 millions de repas. Nous avons développé des activités très diverses, des vacances à l’habillement en passant par la culture et les aides d’urgences. Nous sommes une organisation généraliste de la solidarité.
Julien Lauprêtre : En cette année anniversaire, nous soufflons les bougies certes, mais l’important est surtout d’agir contre la montée conjointe de la misère et des intolérances.
Nous avons été profondément touchés par l’assassinat de nos amis de Charlie Hebdo. Les dessinateurs du journal et, parmi eux Georges Wolinski, dessinaient pour nous bénévolement. Le 7 janvier, un membre du Bureau national du SPF avait rendez-vous avec Georges, à midi, pour récolter ses dessins. Ce choc nous incite à faire toujours plus pour faire reculer la haine de l’autre, le racisme et l’antisémitisme.
En 2015, nous avons mis en place 300 initiatives pour développer la solidarité. Parmi elles, la campagne pour les vacances des enfants a été particulièrement importante. En France, un enfant sur 3 et une personne sur 2 ne partent pas en vacances. Face à cette situation, nous organisons l’accueil dans les familles, les Comités d’entreprise et nous utilisons la compétence des spécialistes des vacances.
C’est ainsi qu’à l’issue de séjours d’une à trois semaines, 70 000 parents et enfants se sont réunis le 19 août, sur le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. De nombreux enfants sont venus de 70 pays accueillis dans 17 villages « Enfants copains du Monde ». Ce jour-là, Paris aura été la capitale mondiale de la solidarité juvénile. Nous espérons bien un rebondissement de cette initiative dans le monde entier avec de nouveaux projets de solidarité.
Dans la foulée, nous organiserons les Assises nationales de la solidarité le 21 novembre prochain à Marseille. 1 200 délégués viendront de toute la France. Le but est de mettre à jour nos objectifs dans un monde rongé par les malfaisances, les scandales et les trafics. Nous voulons bâtir l’arc-en-ciel de la solidarité.
Julien Lauprêtre : Il y a eu trois étapes. Tout a commencé dans les années 20 avec la création du Secours Rouge jusqu’en 1936 où il s’est transformé en Secours Populaire de France et des Colonies. Il organisa de grandes campagnes de solidarité, notamment avec l’Espagne républicaine.
L’association était composée de militants du PCF, de la SFIO, des Radicaux et de la Ligue des droits de l’homme. À l’entrée en guerre, en 1939, elle fut dissoute et organisa pendant l’occupation des activités clandestines auprès des familles de victimes de la guerre. En 1945, fut créé le Secours populaire français qui, aujourd’hui, est totalement indépendant tant de l’État que des partis politiques et syndicats. Nous reprenons cette maxime de Louis Pasteur : « Je ne te demande ni tes opinions ni ta religion mais quelle est ta souffrance. »
Il y a 70 ans, le programme du Conseil national de la Résistance s’intitulait « Pour des jours heureux »… Il a été pensé par des femmes et des hommes qui ne savaient pas s’ils pourraient survivre à leur combat de résistance contre la barbarie nazie. Eh bien ces « Jours heureux », nous voulons les mettre au goût du jour dans le cadre d’une action qui doit aider les exclus à relever la tête. Nous agissons partout, en France et dans 50 pays étrangers dans le cadre d’une large coopération avec les associations qui vont dans le même sens que nous.
Julien Lauprêtre : J’invite les lecteurs de la Vie nouvelle à prendre de leur temps et de leur argent pour aider aux campagnes de solidarité du SPF. Chacun peut apporter sa part selon ses moyens. Il y a urgence à redonner aux valeurs humaines fondamentales leur priorité naturelle.
Propos recueillis par Yvon Huet
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis