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Contre l'intox et les manoeuvres, la mobilisation du travail

Les amateurs de fictions policières connaissent bien la fable du méchant flic et du gentil policier, censée faire plier le délinquant en alternant menaces et compassion. C’est semble-t-il la méthode employée par le Premier ministre pour faire accepter le projet de loi Travail. Elle n'a pas convaincu les jeunes qui manifestaient à l'appel de l'UNEF, l'UNL, la FIDL, la CGT, FO, la FSU et l'Union syndicale Solidaires.
Photo : Place de la République jeudi à 14h

 Emmanuel Macron : « il faut que les jeunes comprennent que ce projet de loi est bon pour eux »

Myriam El Khomri : « les inquiétudes des jeunes sont absurdes »
Thibault Lanxade (vice-président du MEDEF) : « Il y a beaucoup d’intoxications. On voit bien que des cellules dormantes sont réactivées » 

Les jeunes ont bien compris le sens et le contenu du projet de loi, leurs inquiètudes malheureusement sont fondées et ils résistent particulièrement bien aux campagnes médiatiques d'intoxication de médias acquis aux thèses du gouvernement et du Medef.

***

Après la tentative de passage en force d’un projet brutalement antisocial, sans concertation préalable avec les syndicats, la menace de l’application de l’article 49.3 à l’Assemblée, le mépris à l’égard des jeunes, voici venu le moment du dialogue social, de la concertation, des concessions hautement revendiquées et de l’avalanche des bons sentiments. Et le « happy end » : le ralliement des syndicats « réformistes » qui se disent désormais satisfaits du rééquilibrage obtenu grâce à leur détermination.

Passons sur le fait que les quelques améliorations concédées par le gouvernement doivent certainement plus au million dépassé de la pétition d’opposants au projet et aux 500 000 manifestants du 9 mars, qu’aux maigres rassemblements du 12 mars des organisations favorables à des aménagements du texte. Passons aussi sur la comédie jouée par le Medef qui, s’étant un peu trop bruyamment félicité du projet initial, se dit déçu des « corrections » apportées au texte.
« C’est comme ça qu’on fait passer la pilule » a laissé échapper Manuel Valls au JT de la 2…

Corriger à la marge pour conserver l’essentiel

Considérons plutôt la tentative de faire passer l’essentiel du projet de loi au prix de concessions qui bien que non négligeables, ne mettent nullement en cause la philosophie initiale du projet. L’objectif en effet est d’effacer un siècle d’histoire du mouvement social en redonnant les pleins pouvoirs aux chefs d’entreprise en réduisant au minimum les droits de leurs salariés, ou plus exactement en donnant les moyens aux marchés financiers de « piloter » comme ils l’entendent la marche des entreprises.

Qui défend vraiment l’entreprise ?

Car il est une autre fable qui mérite d’être démystifiée, celle « de l’intérêt de l’entreprise » dont seul le patronat aurait le monopole. A l’ère de la financiarisation généralisée de l’économie, ce n’est pas l’entreprise que défendent le MEDEF et ses relais institutionnels mais ses actionnaires, qui eux-mêmes sont uniquement préoccupés de la rentabilité de leurs placements, et ce, au prix si besoin est de la santé et de l’existence de l’entreprise.

Warren Buffet le milliardaire américain concède dans un accès de lucidité peu fréquent qu’il doit sa richesse pour 10 % à la chance et pour 90 % au travail de ses salariés. C’est dire, ce qu’il ne dit pas, que l’intérêt et l’attachement à l’entreprise sont le fait des salariés bien plus que du patronat.

C’est la raison pour laquelle vouloir, à l’heure de la mondialisation financière, permettre aux patrons d’imposer des conditions dérogatoires et régressives à leurs salariés, au mépris de la loi et du Code du travail, ce n’est pas seulement attenter à la liberté des salariés, c’est aussi compromettre gravement l’avenir de nos entreprises.

Le socle du projet est inchangé

Or, c’est l’essentiel du projet de loi Travail, ce que l’on nomme de façon un peu abstraite « l’inversion de la hiérarchie des normes », la loi et le Code du travail, fruits de plus d’un siècle de luttes et de souffrances, seraient en quelque sorte « indicatifs », laissant aux patrons la possibilité d’y déroger à leur profit.

C’est là qu’intervient une autre mystification, qui se pare des atours de la démocratie sociale et qui semble séduire la CFDT : ces dérogations pourraient être décidées au niveau de l’entreprise malgré l’opposition d’une majorité de syndicats et à la faveur d’une consultation des salariés. Consultation, qui dans un contexte de fort taux de chômage et de menaces de fermeture de l’entreprise, laisse peu de liberté de choix aux salariés.

Inverser la courbe de la régression sociale

L’autre liberté supplémentaire accordée de façon irresponsable par le texte gouvernemental au patronat c’est l’assouplissement des procédures de licenciement. Difficile de faire croire que faciliter les licenciements c’est favoriser la création d’emplois. Ils essaient pourtant en prenant des exemples parmi les petites entreprises étranglées par les banques et les multinationales donneurs d’ordre.

« On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés »

Tout le texte du projet de loi est construit autour de cet objectif : réduire les droits des salariés et étendre celui des directions d’entreprises. Et le nouveau texte prétendument issu des rencontres avec les organisations représentatives de la jeunesse et des salariés n’altère en rien l’objectif initial. Notre gouvernement, toujours prompt à satisfaire les vœux du Medef, devrait méditer ce que disait Albert Einstein : «On ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés».

Le 17, le 24 et le 31 mars pour que le travail fasse loi

C’est bien ce qu’ont retenu les sept organisations acquises au retrait du projet, comme un préalable à une véritable construction réaliste et progressiste de la réforme du Code du travail. L’enjeu est immense, c’est la liberté du monde du travail qui est en cause. Les manifestations des 17, 24 et 31 mars seront décisives pour inverser la courbe de la régression sociale et conquérir de nouvelles libertés pour le monde du travail.
Soyons nombreux et nombreuses ces jours-là.

Pascal Santoni

LIRE l'étude de Michel Husson "Flexibilité du travail, arnaque néo-libérale", ou comment les économistes néo-libéraux ont construit les éléments de langage pour justifier le besoin de flexibilité du travail sur lequel s'appuie la loi Travail. 

VOIR ce qui changerait et ne changerait pas dans le projet de loi :


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