Après plusieurs mois de lutte contre la loi Travail et pour défendre les revendications spécifiques des retraités, comme lors de la journée d’action du 9 juin, la commission exécutive de l’UCR-CGT réunis le 30 juin avait analysé lucidement l’actualité pour préparer la rentrée.
Le rapport de Gilka Georges a fait état d’un climat de « violences sociale et physique », en France comme en Europe avec les assassinats d’un couple de policiers chez nous, d’une députée travailliste en Grande Bretagne à quelques jours du référendum sur la sortie de l’Europe. Alors que certains intervenants ont décelé une montée du racisme dans le vote en faveur du « Brexit », d’autres ont d’avantage souligné les effets cumulés du dumping social dans un pays qui a, plus que chez nous, dérèglementé le droit du travail. Cela a pu conduire des électeurs britanniques à voir les travailleurs détachés comme des concurrents pour accéder à l’emploi, voire au logement et même aux urgences à l’hôpital. Surtout que la presse d’outre-Manche ne rate pas une occasion d’attiser la haine sur ces questions.
Voilà qui nous ramène à la violence sociale dont le rapport a souligné qu’il s’agit des conséquences de la dérèglementation du travail dans tous les pays d’Europe, se traduisant partout par davantage de précarité et moins de revenu pour les salariés et pour les retraités.
Notons, au passage, que cette analyse du rapport de Gilka Georges a été confirmée par deux études de l’Insee publiées la dernière semaine de juin. La première porte sur les revenus des ménages en 2015 en France avec quelques comparaisons européennes. Certes, elle nous dit que le taux de pauvreté est moins important chez les retraités que chez les tranches d’âge plus jeunes. Mais elle indique aussi que les personnes de plus de 65 ans « sont relativement plus nombreuses dans la moitié de la population la plus modeste en terme de niveau de vie ». Maigre consolation, la situation est pire pour les actifs et les retraités dans des pays qui ont « réformé le marché du travail » dans le sens voulu par la Commission européenne. Il y a aujourd’hui un taux de pauvreté de 16,7 % en Allemagne, de 16,8 % au Royaume Uni, de 19,4 % en Italie et de 22,2 % en Espagne contre 14 % en France.
L’autre étude qui vient justifier la combativité des retraités CGT exprimée lors de cette commission exécutive du 30 juin, porte sur les salaires perçus en 2013 et indique que leur pouvoir d’achat a baissé de 0,3 % cette année après une baisse de 0,2 % en 2012. S’agissant des retraités, leur situation n’a cessé d’empirer depuis cette date puisque les pensions n’ont pas connu la moindre augmentation en 2014 et 2015.
Il est même question de ne rien donner aux retraités en octobre prochain, ce qui donne encore plus d’importance à la préparation de la journée d’action unitaire du 29 septembre. Le fait que cette action ait lieu deux jours seulement avant la date à laquelle des millions de retraités espérent un relèvement des pensions a fait débat. « Elle arriverait trop tard pour peser sur le gouvernement » ont estimé certains intervenants. Pas du tout, selon d’autres, à condition d’utiliser tout le mois de septembre dans nos organisations locales pour multiplier les initiatives, unitaires si possibles. À ce propos, il a été suggéré de réfléchir à des initiatives plus variées et plus spectaculaires que les rassemblements qui se tiennent souvent devant les préfectures. De rechercher une expression plus régulière dans la presse régionale et locale pour faire connaître et populariser les actions des retraités.
Enfin, s’il fallait une preuve de plus de l’utilité d’un syndicalisme de retraités dynamique et combatif pour les prochaines années, les enjeux évoqués par Bernard Thibault lors de la présentation de son livre intitulé « La troisième guerre mondiale est sociale » devant la Commission exécutive ont été plus que convaincants. L’ancien secrétaire général de la Cgt a multiplié les exemples et les données chiffrées pour montrer que le patronat est en guerre contre le monde du travail sur toute la planète. À la remise en cause des conditions de travail et du salaire direct sur fond de concurrence mondialisée, s’ajoute la volonté de réduire les sommes consacrées en pensions de retraite comme à la protection sociale. Ce n’est donc pas le moment de baisser les bras.
Gérard Le Puill
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis