La méthode d’Emmanuel Macron semble se retourner contre lui. Engager plusieurs réformes en « même temps » en espérant que la contestation de l’une sera effacée par l’annonce d’une nouvelle n’a pas l’effet escompté. Les salariés et les retraités pris pour cibles se sont mobilisés et continuent de le faire. Les cheminots sont en grève. Des convergences se dessinent.
Le président de la République répète à l’envie, comme si c’était un argument, qu’il assume ses réformes. Il devra assumer une lourde responsabilité s’il persistait à ignorer le malaise, le mécontentement et la colère que sa politique engendre dans le pays. Les personnels des EHPAD et des hôpitaux, les retraités, les agents de la Fonction publique, les cheminots, les éboueurs, les salariés d’EDF, ceux de la RATP et de centaines d’entreprises, les étudiants…tous manifestent leur opposition aux mesures et réformes qui les touchent. Lorsque tant d’intérêts sont mis en cause c’est que l’intérêt général lui-même est gravement menacé.
Sa politique est à ce point contraire aux intérêts du pays qu’il la conduit en usant de la ruse et de la peur. Il a trompé les retraités en faisant croire à des millions d’entre eux que la hausse de la CSG ne les concernerait pas. Il a tenté de les opposer aux salariés et aux jeunes en les laissant traiter par ses ministres « d’égoïstes » et de « génération dorée ». Il a tenté de les culpabiliser au nom de la solidarité intergénérationnelle, alors que dans le même temps il supprimait l’impôt solidarité sur la fortune !
Et que dire des cheminots ?! Il ne se passe pas un jour sans qu’ils soient stigmatisés par les médias dans une quasi unanimité qui sent fort la manipulation. Les cheminots ne défendent pas que leur statut ni leurs seuls intérêts. Ils sont inquiets de la dégradation de notre système ferroviaire et de l’insécurité grandissante sur les lignes, du fait de l’absence d’investissements de l’Etat, des réductions d’effectifs, de la privatisation rampante qui désorganise le trafic. Ils ne se résignent pas à la casse du service public de la SNCF, engagée pour faire place à des sociétés privées qui ne seront préoccupées que de leurs profits, au mépris du travail et de la sécurité. C’est si vrai qu’en Grande Bretagne une majorité de la population souhaite la re-nationalisation du chemin de fer.
Et qui pourrait nier que les personnels des EHPAD en défendant leurs conditions de travail défendent aussi de meilleures conditions d’accueil et de soins des résidents ?
Les fonctionnaires sont l’objet depuis des années de campagnes de dénigrement, pour justifier les suppressions massives d’effectifs et le désengagement progressif de l’Etat. Alors que la complexité de nos sociétés exige plus d’intervention et de cohérence de la part des services de l’Etat.
Une idée fait son chemin : si tant de choses vont mal dans notre pays c’est qu’il y a « quelque chose de pourri dans le royaume de France ». Vu la gravité des effets de la politique d’Emmanuel Macron et le mépris souverain dans lequel il tient ses opposants, on peut reprendre pour la France la sentence que Shakespeare réservait au Danemark…il y a cinq siècles.
Les incantations sur les thèmes de la crise, de la dette, de la compétitivité et de la mondialisation continuent de peser sur les consciences n’en doutons pas. Mais à voir autant de mécontentements s’exprimer chacun, chacune peut douter de la légitimité et de la viabilité des politiques engagées par le président qui prétend vouloir « révolutionner » la France pour son bien.
Le contraste avec les amabilités et les cadeaux accordés sans scrupules et « en même temps » aux plus riches décrédibilise un peu plus les intentions affichées par le président-beau parleur.
L’expression de la diversité des mécontentements et des revendications est essentielle à la conscience de la communauté d’intérêts. C’est ce chemin qui prend forme. L’action des cheminots rejoint la revendication des retraités et des salariés de disposer de moyens de transports de qualité à la ville comme dans nos campagnes.
Retraité-e-s, fonctionnaires, cheminots, salariés des EHPAD et des hôpitaux, éboueurs, salariés en souffrance dans une multitude d’entreprises, étudiants, sans emploi…nous devons soutenir l’action des cheminots. Et tous nous retrouver le 19 avril, à l’appel de la CGT pour une journée d’action interprofessionnelle, afin ouvrir la voie à des solutions respectueuses de notre travail, passé, présent et à venir, de notre santé, de notre dignité.
Pascal Santoni
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis