Les villes et les villages sont comparables à des systèmes vivants qui se développent dans le temps. C’est plus qu'un agencement ou un ordonnancement de nature physique, c'est tout le reflet de la société. Le besoin impératif de sécurité a longtemps dominé dans la conception architecturale. L'habitat a été conçu pour se protéger du froid, de la chaleur et se prémunir des invasions : les constructions fortifiées (St-Martin-de-Ré, Charente-Maritime ), les villages perchés sur des pitons rocheux peu accessibles (Gordes, Vaucluse) ou la muraille de Chine (7m de hauteur, 5m de largueur et plus de 21 000 km à sa construction primitive) n’avaient qu'une valeur défensive.

L'architecture vecteur de valeurs

L’architecture est l'expression et l'application pratique de l'évolution des connaissances et des techniques dans tous les domaines, des performances des matériaux, de l'industrialisation des procédés de fabrication et très récemment des impératifs écologiques.

La conception d’œuvres monumentales est aussi un moyen d'affirmer sa puissance, sa richesse, sa volonté d'asservir ou d'impressionner les hommes. Aujourd'hui, dans la cour de récréation mondiale, les nations jouent à la course à qui construira la tour la plus haute du monde. L’Arabie saoudite semble avoir gagné avec la Jeddah Tower et ses 1000 m de haut, une pure folie ! La performance technique semble être le Graal des architectes de renom, le grand livre des records, leur lecture favorite.

Il serait souhaitable que les architectes vedettes ne se cantonnent pas aux grands projets susceptibles de leur apporter le succès international,mais s'intéressent à la vie des gens ordinaires. Lorsqu'on répertorie les réalisations des ensembles d'habitations à loyer modéré existant en France, le constat est déprimant.

La souffrance architecturale

Des barres, des blocs et encore des barres ! En matière de logements sociaux, la nécessité ne doit pas engendrer la répétition des formes et la monotonie. Un jour ou l'autre, la médiocrité coûte cher.

Pourquoi, sous prétexte que l'on est pauvre, devrait-on se résigner à vivre dans la laideur ? La beauté n'est pas un luxe, elle ne peut que procurer le bien-être.

L'avenir de notre société dépendra de sa capacité à gérer ses ressources naturelles, à préserver son patrimoine, à adapter ses usages et ses espaces aux évolutions de l'environnement, à lutter contre les inégalités.

Yolande Bachelier