Lorsque le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, au plus fort de la pandémie qualifiait l’Union européenne (UE) de « lâche », il explosait d’une colère justifiée impossible à contenir : depuis des jours et des jours, il avait demandé l’aide de l’UE sans obtenir la moindre réponse. Le « monstre » économique aux pieds d’argile s’est révélé incapable d’organiser la livraison de masques, d’habits de protection, de médicaments. Il a même fallu que la région lombarde fasse appel à des médecins cubains. La présidente de l’UE a eu beau s’excuser, le mal est fait. Il en restera des traces.

Les « recommandations » destructrices de la Commission

Le constat est sidérant. Les structures de santé dans la plupart des pays européens sont dans un état de délabrement avancé. Pas étonnant. De 2011 à 2018, la Commission européenne a demandé à 63 reprises aux États membres de réduire les dépenses de santé et de privatiser largement. Un démenti giflant ceux qui, comme le commissaire Thierry Breton, affirment mensongèrement que la santé relève « exclusivement des États ».

Une seule chose a fonctionné : la planche à billets de la Banque centrale. Avec un objectif principal : venir en aide aux banques et aux grands groupes avec quelques miettes pour le reste : les PMI et PME.

Se refonder ou disparaître

L’Europe maastrichtienne qu’on nous a imposée est aujourd’hui totalement discréditée. Une autre Europe refondée sera ou disparaîtra. Elle ne relèvera pas, selon la formule de Bruno Le Maire, d’un « capitalisme étant allé trop loin », encore moins d’une mondialisation relookée pour la forme.
L’Europe, celle de Chirac à Hollande, de Sarkozy à Macron, des « experts » et conseillers de « l’aile gauche » du capitalisme squatteurs patentés des médias.

Pour la refonder, une première mesure s’impose : la révision totale des politiques de santé. Elle doit impérativement mettre fin au moins-disant social, revenir aux valeurs collectives, repousser les lois du marché tout en refusant la dictature néo libérale mondialisée et l’irresponsabilité climatique. Avec toujours à l’esprit la communauté des destins, des réponses communes dans une coopération mondiale pensée et coordonnée. Est-ce possible ? Si la colère actuelle se transforme en force populaire organisée et déterminée tout deviendra possible.

José Fort

Effondrement ?

Nous avons vécu, il y a quelques années, l’effondrement de l’Union soviétique, du bloc de l’Est européen, du « socialisme » étatique. Nous connaissons, aujourd’hui, la mise en accusation du système capitaliste et son incapacité à faire face à une pandémie terrifiante. S’effondrera-t-il lui aussi ?
Le triste spectacle donné par l’Union européenne et par les États-Unis, le vent de colère contre le manque d’anticipation, de moyens en personnels de santé et de matériel, pourraient faire croire à un changement planétaire vers des sociétés plus humaines. Ce serait aller trop vite, sombrer dans l’illusion et ne pas mesurer la capacité de reconversion des forces de l’argent. Tout est, et sera, dans le rapport des forces que les mouvements populaires seront en capacité de mobiliser. En France comme ailleurs.