Dès qu'on évoque les débuts de la vaccination, vient immanquablement l'image de Louis Pasteur, en 1885, vaccinant contre la rage un enfant mordu par un chien. Or les prémices de la vaccination remontent au XVe siècle en Chine avec la « variolisation » qui consiste à mettre une personne en contact avec les pustules d'un malade. Si l'on ignore encore tout du système immunitaire, on pressent et on constate qu'un premier contact non mortel avec la maladie peut protéger. La technique est exportée en Europe au XVIIIe siècle, alors que sévit une épidémie de variole. Elle n'est pas sans risque et pas mal de patients succombent soit à la variole, soit à d'autres maladies ainsi transmises. En 1776, un médecin anglais, Edward Jenner, imagine que l’on peut protéger l’homme de la variole en lui inoculant une maladie animale proche (la vaccine, d'où le terme de vaccin), bénigne pour lui. Et ça marche. Le principe de la vaccination est né. Même si la variole fait encore des ravages, elle est rarement mortelle chez les sujets vaccinés. Encore faut-il qu'il existe une maladie animale proche de la maladie humaine à combattre. Près d'un siècle plus tard, Louis Pasteur aura l'idée de mettre au point un vaccin à partir d'une souche atténuée du virus de la rage. Restera à mettre en place une politique sanitaire de grande envergure pour que la vaccination soit efficace au point d'éradiquer les épidémies du moment.

Démarche obligatoire

Lors du conflit franco-prussien et de la grande flambée variolique de l'hiver 1870-1871, on dénombre 200 000 morts dans l'Hexagone. On prend alors conscience que la France est très en retard vis-à-vis de ses voisins européens, notamment allemands. Plus de 23 000 soldats français meurent de la variole, alors qu'on en compte à peine 500 chez leurs homologues allemands soumis à la revaccination systématique. La vaccination antivariolique existe déjà en France, il y a même eu de vastes campagnes au début du XIXe siècle avec 150 000 vaccinations en 1806 et 750 000 en 1812. Ça prend plutôt bien, mais la vaccination n'est pas obligatoire et surtout les revaccinations ne sont pas systématiques. Après l'hécatombe de 1870, des voix s’élèvent pour exiger une politique sanitaire à l'échelle nationale. Il faudra attendre 1902 pour qu'une première grande loi soit enfin adoptée en France rendant la vaccination antivariolique obligatoire. Suivront au fil des ans d'autres vaccinations obligatoires au point qu'aujourd'hui, on n’en dénombre pas moins de onze...

Amélie Meffre pour Vie nouvelle

À lire, Les épidémies terrassées de Patrice Bourdelais (éditions de La Martinière, 2003).