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Qui paiera la facture du "Quoi qu'il en coûte" ?

À un an de l’élection présidentielle, le président Macron multiplie les mises en scène pour entretenir l’espoir sur la sortie progressive du confinement. Il veut retarder l’examen critique du bilan de sa politique au service des riches, tout en le faisant payer aux salariés et aux retraités.

Au 31 mars 2021, les demandeurs d’emplois inscrits en catégorie A étaient 3,8 millions, soit +6,3% sur un an. L’addition des cinq catégories d’inscrits à Pôle Emploi était de 6,72 millions de personnes, soit +4,7%. 749 700 jeunes de moins de 25 ans figuraient en catégories A, B et C, soit +7,1% sur un an. S’y ajoutaient 1,5 million d’hommes et de femmes de plus de 50 ans, soit +4,8%. 50,8% des demandeurs d’emploi en catégories A, B et C étaient des chômeurs de longue durée, inscrits depuis 668 jours en moyenne, soit 29 jours de plus sur 12 mois. Que percevront les plus fragiles quand la réforme du Gouvernement, prévue au 1er juillet prochain, réduira d’un tiers l’indemnisation de certains ?

Bien des dépôts de bilans ont été retardés jusqu’à présent grâce aux prêts garantis par l’État au nom du « quoiqu’il en coûte » promis par Macron. Qu’en sera-t-il quand ils seront supprimés dans des secteurs fragilisés comme la restauration, l’hôtellerie, la culture et le tourisme ?

Importance de la souveraineté industrielle

Dans l’industrie, des chaînes de production sont durablement perturbées par le manque de pièces importées des pays à bas coûts de main-d’œuvre, ce qui a fait prendre conscience de l’importance de la souveraineté industrielle du pays par une majorité de Français. Selon un sondage Cevipof, publié dans Le Monde du 24 avril, 85% des personnes interrogées se disaient favorables à une production faite sur le territoire national, tandis que 21% seulement voient la mondialisation comme une chance. Mais l’industrie ne représente plus que 12 à 13% du Produit intérieur brut (PIB) de la France, contre 23% en Allemagne.

Les fermetures d’usines continuent sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Lui-même s’était rendu, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017, devant les travailleurs de Whirlpool, qui produisaient des sèche-linge à Amiens, pour leur dire ceci: « Je ne suis pas en train de vous dire que je vais sauver vos emplois, parce que personne ne peut le faire dignement. Je serai là pour protéger un plan social qui défend vos intérêts. » Depuis, le repreneur local qui devait produire des casiers réfrigérants a déposé le bilan, après avoir bénéficié d’aides gouvernementales importantes.

Reconversion plutôt que production

Ailleurs, le pire est à venir avec la mise en place de scénarios identiques dans des secteurs comme l’aéronautique, l’industrie automobile et quelques autres. Sous couvert de produire des véhicules électriques, les firmes automobiles françaises réduisent les commandes de pièces pour les moteurs thermiques aux entreprises sous-traitantes sur le territoire national, au profit des mêmes pièces d’importation. Renault se sépare de la Fonderie de Bretagne, sa filiale de Caudan dans le Morbihan. D’où cette réaction de Maël Le Goff, responsable CGT du site : « Renault parle de diversification, de recherche de volumes. Le tout pour faire partir le travail au Portugal, en Espagne, en Turquie ou au Brésil. ».
Complice de Renault, le ministre de l’Économie annonce un chèque de 50 millions pour financer la reconversion des salariés du site. Le même scénario est annoncé chez Bosch à Rodez, comme chez des sous-traitants de l’industrie automobile et d’Airbus, en région Occitanie et ailleurs.

Où sont les milliards promis ?

Le 19 mars 2020, Christine Lagarde annonçait que la Banque centrale européenne (BCE) allait mettre 750 milliards d’euros à la disposition des pays membres de l’Union, la moitié de cette somme pouvant être des prêts non remboursables. Il se disait alors que la France bénéficierait de 120 milliards, dont 40 non remboursables. Alors que la BCE dit redouter « une vague de défaillances d’entreprises dans les prochains mois en Europe » et que certains experts prédisent une hausse de 35% des défaillances, Bruno Le Maire laissait entendre, fin avril, que 5 milliards d’euros pourraient être versés à la France, en septembre !

On est donc loin des 40 milliards non remboursables annoncés. Bien utilisés, ils permettraient pourtant de réduire les pertes subies depuis 16 mois par trois des organismes parmi les plus utiles au peuple français : la Sécurité sociale, l’Unedic et la Cnav pour les retraités du secteur privé.

Gérard Le Puill


La relance américaine prend Macron à contrepied

La politique du président américain Joe Biden constitue un tournant dans les options économiques et sociales du pays leader du néo-libéralisme. Elle rompt avec la doctrine Reagan en constatant l’incapacité du marché et du capitalisme financier à répondre aux problèmes de la société américaine. Mais peut-elle réussir sans remettre en cause les fondamentaux du capitalisme ?

Cette nouvelle politique américaine s’explique à partir des quatre contraintes qui pèsent sur les USA : l’urgence de redresser le pays face à la concurrence de la Chine et des pays émergents, la crainte d’une explosion sociale au sortir de la pandémie évoquée par le FMI, la progression d’un courant radical au sein de la gauche du parti démocrate, les inquiétudes nées du réchauffement climatique.
Les plans de relance de l’administration Biden consistent, non à utiliser les ressources de l’État pour alimenter les profits financiers des grandes entreprises comme le fait Emmanuel Macron, mais, au contraire, à investir massivement l’argent public dans la production et la réduction des inégalités. En compensant l’inefficacité de l’initiative privée, l’objectif est de relancer la productivité d’une « économie verte » et l’emploi, donc le pouvoir d’achat des couches défavorisées.

Les impôts des plus riches et sur les sociétés sont un peu relevés, aux niveaux où ils l’étaient avant Donald Trump, l’évasion fiscale est dénoncée et sanctionnée. Mais la puissance des grandes multinationales n’est guère entamée par crainte de les voir refuser de jouer le jeu. Or ce sont elles qui sont maîtres du jeu.

P.S.


 

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