Christian Garnier, CGT Alstom et Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ont mis en cause la complicité des gouvernements successifs avec la direction d’Alstom qui conduit à la délocalisation de la production ferroviaire et appellent à un rassemblement ce 27 septembre devant le siège d’Alstom à St Ouen (93). Retour sur un scandale industriel.
À 14 heures, samedi 24 septembre, la ville de Belfort s’est éteinte. Les commerçants ont tiré leur rideau en signe de solidarité. 5 000 personnes étaient rassemblées pour crier leur opposition à la décision de la direction d’Alstom de fermer le site de Belfort et le délocaliser en Alsace.
Lors du rassemblement, Pascal Novelin, délégué CGT de l’usine, a fait un lapsus comme souvent révélateur en évoquant le projet de la direction de transformer le site de Belfort en un site de maintenance, il a parlé d’un « site de maltraitance ». Révélateur, car c’est bien ainsi que les salariés vivent le projet de la direction. Eux qui assurent comme leurs parents et grands-parents, depuis 1879, la production des locomotives et maintenant des TGV.
En 2014 lorsque a été envisagée la cession du groupe Alstom par le groupe américain Général Electric, CGT et de la fédération des travailleurs de la métallurgie récusait cette opération et demandait que l’Etat prenne ses responsabilités et entre majoritairement dans le capital de l’entreprise. Car, soulignait la CGT, le groupe « était victime d’une stratégie financière qui s’est traduite par une croissance externe à des coûts exorbitants ».
Et le communiqué commun des deux organisations soulignait que « les atouts et l’histoire du groupe Alstom reposent sur la synergie de ses 4 métiers. De même la CGT estime que le groupe Alstom a besoin de stabilité, de financements à long terme, en cohérence avec le développement industriel du groupe dont les perspectives de développement sont fortes ». La suite n’a fait que confirmer cette analyse.
Pourtant le démantèlement d’Alstom était décidé le 2 novembre 2015 avec la vente des activités énergie à Général Electric. Un scandale d’Etat. Deux mois plus tard le groupe américain annonçait qu’il allait supprimer 6 500 postes en Europe en 2016 et 2017 dont 765 en France.
Le 29 août dernier à l’annonce du « contrat du siècle » que venait de décrocher Alstom aux Etats-Unis, la CGT émettait les plus sérieux doutes sur les retombées en France de ce contrat en rappelant que « les sites français d’Alstom sont, quant à eux, dans une situation préoccupante de manque de charge. Ce sont donc les actionnaires qui vont bénéficier en premier lieu de cette aubaine» et ajoutait : « On se trompe si l’on pense que la nécessaire ré-industrialisation du pays ne passe que par l’exportation de notre technologie ».
Cette logique financière produit aujourd’hui ses résultats : « la mise en péril délibérée par la direction d’Alstom ses sites de productions en France » dénonce dans un communiqué les Fédérations Cgt de la Métallurgie, des Cheminots, des Transports et l’Union Interfédérale des Transports (UIT) le 15 septembre.
Le gouvernement s’il est sensible aux motivations patronales a ignoré, une fois de plus, les analyses et recommandations des organisations de salariés et notamment de la CGT. Il est donc en grande partie responsable du drame que vit Belfort et les salariés de son entreprise historique.
L’Etat doit donc intervenir d’urgence. Comment justifier qu’il cautionne sans réagir concrètement pour empêcher ce scandale alors qu’Alstom bénéficie à hauteur de 50 % des commandes d’entreprises publiques nationales comme la SNCF, EDF notamment et que le carnet de commandes d’Alstom s’élève à plus de 30 milliards sur 4 ans ?!
Les Fédérations Cgt de la Métallurgie, des Cheminots, des Transports et l’Union Interfédérale des Transports appellent à un rassemblement le 27 septembre 2016 à partir de 8h30, devant le siège d’Alstom à St Ouen (93), lors de la réunion de son Comité d’Entreprise. « Nous sommes Alsthommes ».
Pascal Santoni
L'introduction de Philippe Martinez à la conférence de presse du lundi 26 septembre.
Vidéo : l’intervention de Frédéric Sanchez, secrétaire général FTM-CGT, ainsi qu’une interview de Dominique Thiriez, secrétaire général CGT site GE/Alstom.
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