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Au Chili la rue demande la retraite par répartition

700 000 manifestants en juillet. Plus d’un million le 21 août. Immenses manifestations à Santiago, Antofagasta, Valparaiso et dans de nombreuses villes du pays pour le retour au système public de retraite qui existait avant la dictature.

Le Chili n’avait pas connu de manifestations aussi importantes depuis les grands défilés étudiants de 2011. Cette fois, ce sont les salariés et les retraités qui sont descendus dans les rues des principales villes chiliennes, au beau milieu de l’hiver austral, pour dénoncer le système privé de retraite mis en place du temps de la dictature Pinochet. Plus d’un million de Chiliens, le 21 août, ont demandé la suppression des « AFP », les « Administratrices des fonds de pension ». Ce système, hérité de la dictature, fonctionne sur le principe de la capitalisation individuelle. Six grands fonds d’investissement gèrent ainsi les pensions des Chiliens.

Ras-le-bol des inégalités

« Quelque 90 % des retraités touchent moins de 156 000 pesos (215 euros) par mois, leur situation est très précaire », expliquait récemment aux Echos Recaredo Galvez, chercheur à la Fundación Sol, un institut d’études en sciences sociales. Les entreprises qui gèrent ces fonds sont parmi les plus riches du Chili, leur rentabilité atteignant en moyenne 26 % chaque année. Au total, les fonds de pension gèrent 150 milliards d’euros, ce qui représente 70 % du PIB du pays. « Il y a un ras-le-bol au sein de la population devant tant d’inégalités », poursuivait le chercheur. Le mouvement social qui a pris pour nom « No más AFP » (nous nevoulons plus des AFP) a été au départ assez peu relayé par la presse chilienne. C’est à travers les réseaux sociaux qu’il a gagné en ampleur, précise le journal Les Echos.

Un pas non suffisant du gouvernement

Michelle Bachelet, la présidente chilienne a annoncé une réforme du système des AFP. « Tous les Chiliens méritent d’avoir une retraite qui leur permette de vivre dignement après des années de travail », a-t-elle déclaré. Le gouvernement propose de renforcer les aides de l’État aux retraités les plus pauvres et d’augmenter la cotisation des entreprises. La présidente souhaite également créer une AFP publique « pour introduire davantage de concurrence et offrir une alternative aux travailleurs ».

Des mesures jugées comme « un pas en avant » par Luis Mesina, porte-parole du mouvement « No más AFP ». Ce leader syndicaliste, jusqu’ici inconnu du grand public, estime que « le gouvernement évite d’aborder nos principales revendications. Nous avions dit que nous ne voulions plus d’AFP et on nous en propose une de plus. » Alors que droite et patronat mènent une campagne sur le thème « changer le système des retraites serait une bombe atomique contre notre modèle économique et la paix sociale », des dirigeants syndicaux et politiques indiquent de leur côté que les premières mesures proposées par le gouvernement ne sont pas suffisantes mais pourraient être « une transition » avant une réforme de plus grande ampleur.

José Fort


 

LE CODE DU TRAVAIL HÉRITÉ DE LA DICTATURE TOUJOURS EN VIGUEUR

Le Chili fait partie des pays d’Amérique latine qui, dès le début du XXe siècle, connaissaient des avancées sociales significatives grâce à un mouvement ouvrier solidement structuré et l’influence des conquêtes du monde du travail en Europe. C’est sous le gouvernement d’Unité populaire de Salvador Allende que les avancées sociales ont été les plus significatives. Le coup d’état militaire de 1973 a entraîné la mise en place d’un système socioéconomique inspiré des principes de « l’École de Chicago », un modèle économique néolibéral prôné par les organisations financières internationales.

Le Code du travail mis en place par la dictature interdit toujours la négociation collective et le droit de grève au nom de la « discipline du marché ». Après la chute de Pinochet, le modèle néolibéral de la dictature est resté en l’état avec l’émergence d’une nouvelle élite entrepreneuriale qui refuse toute réforme progressiste.

En décembre, la présidente Michelle Bachelet a présenté un projet au Parlement pour « clôturer une dette envers les travailleurs et en fi nir avec le Code du travail datant de la dictature ». Au rayon des avancées, le projet propose d’appliquer les conventions 87 et 89 de l’OIT qui traitent respectivement de la liberté syndicale et du travail de nuit. Il renforce globalement l’action des syndicats et augmente le champ d’application de la négociation collective. Il interdit, en outre, le remplacement des travailleurs en cas de grève et fait des organisations syndicales les représentantes légitimes et uniques des travailleurs pour négocier.

Des voix se font entendre estimant que le plan Bachelet ne rompt pas suffi samment avec l’ancien Code du travail. Elles notent que le projet défi nit la grève comme une ressource ultime dont disposent les travailleurs pour faire valoir leurs revendications et non pas comme un droit. J. F.


 

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