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On achève bien les paysans

Le film de Sydney Pollack, On achève bien les chevaux, montrait des couples de danseurs se donnant en spectacle jusqu’à l’épuisement pour gagner quelques dollars au moment de la grande crise des années trente en Californie. C’est un peu ce que subissent aujourd’hui, en France, les paysans qui produisent notre nourriture en raison des prix bas du lait, de la viande et des céréales.

Vie nouvelle 193 paru en mai-juin 2016 consacrait son dossier à la crise que subissent plusieurs secteurs de notre agriculture. Voilà seulement cinq mois les situations les plus difficiles étaient celles de producteurs de lait de vache et des éleveurs de porcs.

Les premiers subissaient des baisses de prix de 20 % par rapport à 2014. Des baisses imposées par les laiteries en raison d’une surproduction européenne de 4 % imputable à la décision politique prise par la Commission européenne et les gouvernements de mettre fi n aux quotas laitiers qui, de 1984 à 2015, régulaient la production.

Les éleveurs de porcs enduraient aussi des prix bas et leur situation était aggravée par la fermeture du marché russe qui, auparavant, permettait de vendre les pièces peu prisées des consommateurs européens comme le lard, les pieds ou les oreilles. Si les cours du porc se sont un peu redressés depuis du fait d’une croissance de la demande chinoise, les difficultés perdurent.

Lait et viande bovine, destins liés

La situation des producteurs de lait continue de s’aggraver. Le lait n’est plus payé que 25 à 27 centimes le litre, soit 10 centimes de moins qu’en 2014 et 4 à 5 centimes de moins qu’en 2015. Dans le même temps, les coûts de production ont augmenté. Cet été, des épisodes de grande chaleur et de sécheresse, ont obligé les éleveurs, faute d’herbe, à utiliser davantage de céréales et de tourteaux de soja dans la ration des vaches.

Les éleveurs qui avaient augmenté leur nombre de vaches entre 2014 et 2016 en revendent désormais une partie pour faire face aux dépenses courantes. Du coup, ce surcroît d’animaux pour la boucherie fait aussi chuter le prix de la viande rouge. En France, cela provoque un effondrement des cours car nous avons un gros cheptel avec 3,7 millions de vaches laitières et 4,2 millions de vaches à viande comme la charolaise ou la limousine qui allaitent leur veau. La consommation française de viande rouge diminue et les exportations en direction des pays non membres de l’Union européenne sont très aléatoires.

Les cours très bas de la viande bovine vont donc durer. Cela se traduit déjà par des dépôts de bilan dans l’élevage laitier comme dans celui des races à viande à un moment où il faudrait installer des jeunes pour le renouvellement des générations dans une profession vieillissante.

Le blé à la merci de la météo

Florissant quand les prix étaient rémunérateurs, le secteur céréalier est aussi en difficulté comme jamais en cette année 2016. Nous avons assisté depuis trois ans à des récoltes mondiales de blé et de maïs supérieures à la demande solvable. Du coup, la tonne de blé se vendait 162 € en août 2016 contre 195 € en décembre 2014. Qui plus est, les pluies de la fi n du printemps ont réduit les rendements de 30 % en moyenne et même de 40 % dans la Beauce, par rapport à l’an dernier. Mais la récolte a été bonne dans la plupart des pays exportateurs dont l’Ukraine, la Russie, le Canada et les États-Unis, les prix ne sont donc pas prêts de remonter dans les prochains mois.

À quand une gestion raisonnable

Ces quelques exemples illustrent le comportement irresponsable des décideurs politiques français et européens. Ils ont choisi de soumettre les paysans et les consommateurs aux conséquences de la spéculation des traders pour décider du prix des denrées alimentaires au départ de la ferme comme à la sortie des magasins.

Il faut au contraire une gestion nationale et internationale des productions de base avec des stocks de céréales maîtrisés d’une récolte à l’autre. Cela se fait dans les deux grands pays que sont la Chine et l’Inde. Et ça suffit pour ne pas connaître de pénurie qui provoque un emballement des prix pour les consommateurs. Cela permet aussi d’éviter des mises en marché trop abondantes qui se traduisent par l’effondrement des cours pour les producteurs comme c’est le cas en Europe cette année pour la viande, le lait et les céréales. Surtout que ces baisses imposées aux paysans ne profitent même pas aux consommateurs dont le pouvoir d’achat diminue.

Gérard Le Puill

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