Souvent présentés comme charges pour la société, les retraités en sont pourtant une part non négligeable et dynamisante. Leur apport n’est plus à prouver. Au quotidien, ils assurent des activités indispensables au bon fonctionnement de la collectivité.
Les énormes gains de productivité et l'accumulation des richesses produites par les retraités pendant toute leur vie de travail - s'ils n'étaient pas régulièrement détournés par les puissants de la finance dans les paradis fiscaux - devraient permettre de prendre en charge toutes les étapes de la vie de tous les salariés. L'espérance de vie après le départ à la retraite est passée de 5 ans en moyenne à 25 ans pour les femmes et 19 ans pour les hommes. C'est une excellente nouvelle pour l'humanité et un grand chambardement sociétal.
Aujourd'hui, les retraités s'investissent au maximum dans les activités d'utilité sociale et économique. En consacrant du temps pour la famille, le bénévolat, la vie associative et les mandats électifs, ils jouent un rôle décisif dans la société et sont devenus une génération pivot indispensable au pays. La solidarité intergénérationnelle occupe une place importante dans leur vie. En aidant les voisins et amis (bricolage, courses, transports) et leurs familles (garde d’enfants, aide aux parents en perte d'autonomie), ils créent des richesses non prises en compte dans le calcul du PIB. Par exemple, les grands parents assurent 4% de la garde des enfants de moins de 3 ans et 11% des gardes du mercredi. Cela représente un volume de 23 millions d'heures. L’équivalent de ce qui est accompli par les assistantes maternelles. Si on projette une valorisation des heures bénévoles pour autrui (base Smic, cotisations patronales incluses), cela représente entre 9 et 23 milliards d'euros en 2010, soit 0,5% à 1,2% du PIB (chiffres donnés par le COR). Le temps de la retraite est devenu un temps de travail bénévole.
Sous prétexte qu'ils ont « du temps », on demande aux retraités, par leurs actions de solidarité, de venir panser les plaies d'une société fracturée, divisée et de plus en plus injuste. Les associations caritatives (Secours populaire français, Restos du cœur, aide à la personne etc.) ne fonctionnent presque essentiellement qu'avec des retraités. Attention que cette générosité ne soit pas utilisée par les gouvernements pour accompagner leur désengagement en matière de services publics. Les solidarités familiales ne peuvent pas garantir l'égalité de traitement comme le service public peut le certifier. Il convient d’être attentif à ce que les bénévoles n'occupent pas des emplois à la place de salariés, sous prétexte d'insuffisance budgétaire des associations.
De nombreux retraités exercent un mandat électif. Un responsable associatif sur deux et 30% des maires ou des conseillers généraux sont des retraités. Leur implication civique témoigne d'un attachement aux valeurs démocratiques avec la volonté de construire une belle vie pour leurs enfants et petits-enfants.
Les retraités contribuent aux transferts financiers entre génération. Aides financières, donations, héritages sont plus importants des personnes âgées vers leurs descendants que le contraire. C'est une redistribution en sens inverse de celui du système de retraite par répartition. Les retraités représentent 80% des ménages ayant fait une donation en 2010, avec 70 ans d'âge moyen pour les donateurs et 34 ans pour les receveurs.
De par leur nombre - près de 16 millions - ils représentent 17 à 20% de la consommation nationale, avec un pan entier de l'économie consacré à la réponse à leurs besoins spécifiques, dit « silver economy ». Ce potentiel de consommation est directement lié au niveau des pensions. Leur non revalorisation depuis 4 ans risque fort d'avoir des conséquences négatives sur la consommation des retraités.
Pour que les retraités puissent s'épanouir dans des activités choisies et être utiles à tous, il faut reconnaître le rôle qu'ils jouent dans la société et leur maintenir un niveau de pension permettant de vivre pleinement cette nouvelle vie en bon état de santé.
Article paru dans Vie nouvelle 196
Yolande BachelierLa vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis