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Brexit. Quand le Royaume-Uni redeviendra une île

Depuis le 29 mars 2017, le processus de sortie du Royaume-Uni de L’Union européenne (UE) est enclenché. Faire sortir un seul pays de l’UE pose plus de problèmes que d’en faire entrer plusieurs d’un coup. Surtout quand il s’agit de la Grande-Bretagne.

L’ancien commissaire européen, Michel Barnier, a été chargé par Bruxelles de piloter la négociation sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. L’interprétation de l’article 50 du traité de Lisbonne, qui guide juridiquement cette possibilité, n’est pas forcément la même à Bruxelles qu’à Londres. Selon Barnier, il faudra d’abord se mettre d’accord sur le futur statut des expatriés européens, au nombre de 3 millions en Grande-Bretagne, dont 800 000 Polonais. Il faudra aussi solder les contributions budgétaires dues à l’Europe par Londres jusqu’à la sortie définitive et surtout se mettre d’accord sur ce que seront les nouvelles frontières entre le Royaume-Uni et l’Europe.

Avantages sans inconvénients

De son côté, la Grande-Bretagne voudrait garder les avantages que procure le grand marché intérieur européen, sans en avoir les inconvénients, dont la participation au budget. Tous les pays membres de l’Union européenne contribuent au budget annuel de l’Europe via une petite part de leur Produit intérieur brut (PIB). Les pays les plus développés sont des contributeurs nets. Ils versent davantage de fonds qu’ils n’en perçoivent en retour via les subventions pour l’agriculture et pour le développement des régions. Les principaux contributeurs nets sont l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas, l’Italie et la Suède. Mais le Royaume-Uni a toujours contesté sa part, obtenant de l’Europe une ristourne annuelle qui fut négociée du temps de Margareth Thatcher.
Concertant la sortie de l’Europe, Theresa May dit vouloir garder « un partenariat étroit et spécial » avec cette Europe. Autrement dit, commercer avec l’Europe sans subir les droits de douanes et sans contribuer au budget de l’Union. Elle veut aussi développer le libre-échange « avec de nouveaux alliés » parmi lesquels figurent ses anciennes colonies, dont l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Et les frontières ?

À supposer que ces difficultés soient résolues, d’autres resteront à surmonter. Prenons l’exemple de la pêche avec ses quotas de prises par pays. Une fois sortie de l’Europe, la Grande-Bretagne redeviendra juridiquement une île avec ses eaux territoriales exclusives. Les zones de pêche dans l’Union européenne ne devraient plus être communes. Or, sur les 460 000 tonnes de poissons que les pêcheurs français ramènent dans leurs filets chaque année, 30% proviennent des eaux territoriales britanniques et ce chiffre monte à 50% pour les pêcheurs bretons. Qu’en sera-t-il à la fin de la négociation ?

Les entreprises reviendront-elles sur le continent ?

Bien que la Grande-Bretagne soit restée hors de la zone euro, la City de Londres demeure encore la plus grande place financière d’Europe, tandis que les places de Paris, Dublin, Amsterdam, Francfort et Luxembourg espèrent bénéficier de délocalisations de certaines banques et autres fonds spéculatifs. On a beaucoup parié, ces derniers mois en France, sur les possibles transferts d’activités et d’emplois de Londres à Paris. Cela aboutirait aussi à vider des tours de leurs personnels à Londres pour en construire d’autres dans cinq capitales européennes avec un bilan carbone élevé pour cause de délocalisation d’activités spéculatives et parasitaires !

Evolution des flux commerciaux

En entrant dans l’Union européenne en 1973, le Royaume-Uni avait obtenu de ses partenaires des dérogations pour importer sans droits de douanes de nombreux produits agricoles de ses anciennes colonies, au détriment de la préférence communautaire. En 2015, la Nouvelle-Zélande a exporté en Europe 228 254 tonnes de viande ovine. Ces exportations ne vont pas cesser avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union. Alors que l’Irlande du nord va sortir de l’Union et que l’Eire va y rester, la frontière entre les deux risque aussi d’être poreuse et de favoriser toutes sortes de tricheries conduisant à exporter en Europe, sans tarifs douaniers, des produits issus du Royaume-Uni.


Enfin, en quittant l’Union européenne, le Royaume-Uni peut modifier facilement ses flux commerciaux, donc ses importations de produits agricoles et industriels au détriment des pays de l’Union. Qu’il s’agisse de la Turquie et du Maroc pour certains fruits et légumes, des pays de l’hémisphère sud comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Argentine et le Chili pour le vin. Les exportateurs français risquent de rencontrer des difficultés croissantes pour accéder au marché d’outre-Manche. Notons, enfin, que certains retraités britanniques établis en France souhaitent devenir Français pour ne pas retourner sur leur île. Eux aussi vivent mal les conséquences du Brexit.

Gérard Le Puill

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