Chaque jour le président ou ses ministres annoncent des mesures qui révulsent la plupart d’entre nous. Ce qui pourrait passer pour des maladresses sont en réalité mûrement réfléchies. Mais le résultat est plus qu’incertain et c’est bien ce qui les inquiètent…
La méthode du président Macron ressemble à s’y méprendre à celle que la journaliste canadienne Naomi Klein avait qualifiée dans un ouvrage écrit en 2007 « La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre ». En moins sanguinaire certes mais tout aussi désastreuse pour les personnes et le bien public.
L’idée est de multiplier les réformes en les accompagnant de déclarations provocatrices, Emmanuel Macron est devenu coutumier du fait, et d’afficher une fermeté à toute épreuve face à la contestation en visant la sidération et pour finir le découragement de celles et ceux qui contestent sa politique.
Ce n’est pas sans effet sur les mouvements de contestation des politiques mises en œuvre. Pour ne prendre qu’un exemple celui des actions contre la hausse de la CSG. Le 15 mars nombreux étaient les retraités qui manifestaient pour la première fois depuis longtemps ou simplement pour la première fois. L’ampleur des manifestations qui a surpris tout le monde, a certainement nourri l’illusion que cela suffirait à faire plier Macron. L’attitude arrogante d’Emmanuel Macron au lendemain des manifestations visait à donner le sentiment qu’on ne le ferait pas revenir sur la hausse de la CSG. C’est ce qui explique en partie que tous les manifestants du 15 mars ne se sont pas tous retrouvés le 14 juin, mais leur colère ne désarme pas. Et cela insupporte profondément le président.
Car la « stratégie du choc » façon Macron n’obéit pas seulement à un souci de faire plier la contestation, elle obéit également à des urgences du capitalisme financier, enfoncé dans une crise systémique qui l’oblige à favoriser toujours plus les plus riches et agresser les autres. Tous les autres. Les maîtres des marchés financiers ont en effet un impérieux besoin de privatiser toutes les richesses des services et des entreprises publiques. La tâche est difficile et les Français continuent de ne pas l’apprécier du tout.
Selon un sondage Ifop récent pour le journal très libéral L’Opinion, les Français plébiscitent le service public pour assurer les missions d’intérêt général. « Concernant chacune des activités suivantes, considérez-vous qu’elle devrait à l’avenir être assurée par le secteur public ou par le secteur privé ? », les Français répondent « le secteur public » :
– Pour la santé à 83%
– Pour l’éducation à 82%
– Pour la sécurité des personnes et des biens (= la police) à 77%
– Pour la culture et les loisirs (= bibliothèques, piscines, musées, etc.) à 73%
– Pour la gestion de l’eau à 71%
– Pour les transports en commun (= bus, métro, train…) à 68%
– Pour la distribution du courrier à 67%
Notre résistance a fait perdre beaucoup de temps aux tenants d’un libéralisme sans contraintes et sans frontières. Sans elle la sécurité sociale serait passée aux fonds de pensions depuis longtemps. La SNCF serait déjà privatisée comme les services publics du rail l’ont été dans plusieurs pays d’Europe. Le monde de la finance et des affaires est pressé et ils doivent passer en force au risque de susciter un mouvement populaire qui balaie leurs ambitions.
Faire des réformes c’est une chose les faire appliquer c’en est une autre. Inventer un référendum d’entreprise pour contourner les syndicats c’est bien, se faire battre à plate couture chez Air France c’est très embêtant...Le président ultralibéral veut aller vite. Il nous faut prendre le temps de convaincre en les associant à chaque étape salariés et retraités de la justesse de nos alertes et de la crédibilité de leurs revendications.
Un mois après les manifestations du 15 mars l’offensive d’Emmanuel Macron dans l’émission de TF1 le 12 avril a été un flop : selon un sondage réalisé le lendemain de l’émission 72% des retraités pas été convaincus par ses explications.
Les neuf organisations de retraités ont décidé de nourrir la confiance des retraités dans leurs actions en s’appuyant sur le succès du 15 mars, en ouvrant une perspective de conquête. C’est l’ambition d’exiger que la hausse soit annulée par une loi de finances rectificative. Et cela reste valable car il y en aura probablement une en fin d’année 2018.
Dans l’immédiat poursuivre la signature des pétitions, qui rencontre un succès qui surprend les militants et multiplier les occasions de débattre avec les retraités durant l’été. C’est ce que proposent les 9 et l’UCR dans leurs communiqués. Non les retraités n’ont pas l’intention de lâcher leur colère ni leurs revendications.
Face à une politique qui confine au désastre et plonge des millions de retraités dans les difficultés et nombre d’entre eux dans la misère, faire grandir l’espoir et la confiance c’est le devoir de vacances de toutes celles et tous ceux qui veulent une autre vie, une autre France, comme l’ont voulu des générations de salariés et de retraités.
Pascal Santoni
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis