Les incendies qui ont ravagé le Sud de l'Europe, Espagne particulièrement, ces deux dernières années ont révélé la persistance du processus d'aridification modifiant durablement une situation critique qui rebondit sur tout le dit Vieux Continent.
La moyenne générale en baisse des précipitations fait que les cours d'eaux perdent de leur intensité, souvent de moitié, voire plus depuis 50 ans, au point que des rivières disparaissent et d'autres s'essoufflent. Déjà, en 1988, Le Soir s'interrogeait sur une situation qui, aujourd'hui, ne s'est pas inversée. Le journal belge prévenait : « La formation de steppes, l'érosion et la stérilité progressive du sol constituent dès à présent un problème sérieux pour 25% de toute l'Espagne. Pour 27,6% du territoire espagnol, c'est un problème en perspective ». Nous y sommes.
La terre tremble sous le poids des millions de tonnes de fruits et légumes d'Andalousie qui envahissent l'Europe dans un imposant trafic routier qui bouchonne au col du Perthus. On attend toujours des mesures pour s'attaquer à une situation qui était prévue depuis des années. « Parole, parole » dit la chanson, pendant que l'écho répond : « Ramène ta fraise »…
La totale ! Utilisation du travail forcé des migrantes et migrants, essentiellement marocains, sous-payés, en concurrence avec des précaires espagnols en quête de survie, utilisation de produits chimiques à gogo, pompage de l'eau des nappes phréatiques qui résistent encore, au point d'être obligé d'y ajouter de l'eau de mer désalinisée.
Sujet spectaculaire, mais il cache la forêt, celle de tous ces fruits et légumes qui font le va-et-vient nord/sud selon le bon vouloir d'une profitabilité qui enrichit les donneurs d'ordre. Certains vont taquiner la balle de golf dans les nombreux « greens » plus verts que la pomme, y compris là où l'eau se fait de plus en plus rare, qui sait, au Real club de Sotogrande, dans la province de Malaga.
Pendant ce temps, l'aridification remonte au nord. Le merveilleux delta de l'Ebre, qui irrigue la région, risque de disparaître à la fin du siècle, si rien n'est fait pour l'empêcher. Dans un article de La Vanguardia du 25 avril dernier, constat est fait d'une division par deux du débit de trois cours d'eaux catalans qui se jettent soit dans l'Ebre soit dans la Méditerrannée, le Segre, le Muga et le Ter. Les conséquences ? Une problématique sérieuse pour les bassins de réserve qui servent, pour le Ter, à l'approvisionnement de Barcelone.
Les autorités régionales en appellent à l'utilisation de l'eau de mer dans les régions côtières. L'usine de désalinisation de Barcelone, la plus importante d'Europe, construite à la suite de la grande sécheresse de 2008, comble en partie le déficit. Le prix de revient est cher et le rejet d'une grande quantité de sel dans la nature use les sols. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi importer de l'eau venant du Rhône. Oui, vraiment, il y a urgence à changer les comportements.
Dossier Vie nouvelle
Les plus anciens des Corses n’en reviennent pas.« Cette année, il a plu comme jamais », lancent certains avant que d’autres nuancent le propos en rappelant les épisodes pluvieux des années 1950. Quoi qu’il en soit, il a plu et tempêté dur depuis le début de l’année après la sécheresse de l’année dernière.
En 2017, les conditions climatiques ont entraîné une forte sollicitation hydraulique et des coupures d'eau. Cela se reproduira-t-il cet été ? La situation semble s’être améliorée, les réserves des barrages ayant pu être reconstituées. Les restrictions d’eau de l’année dernière pourraient ne pas être mises en place par les autorités.
Les spécialistes météo en Corse constatent des modifications climatiques sur l’ensemble de l’île. « La haute saison et l’afflux de touristes doivent nous interroger sur notre capacité à répondre aux besoins d’eau et d’énergie », soulignent-ils.
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis