La canicule de 2003 a brutalement mis en lumière les effets du climat sur la santé des personnes les plus fragiles, avec près de 70 000 morts en Europe. Les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires et pulmonaires sont très sensibles aux périodes de survenue brutale de froid ou de chaleur intense. Ce nouvel environnement met en évidence la nécessité d’une adaptation de notre mode de vie à des périodes de fortes chaleurs auxquelles nous n’étions pas habitués. Dans les décennies à venir, nousserons vraisemblablement confrontés dans de nombreuses régions françaises à un climat plus proche de celui du sud de l’Espagne ou du nord de l’Afrique d’aujourd’hui.
Au-delà de la hausse du niveau des mers et des événements météorologiques, le changement climatique devrait menacer la santé des hommes du fait des effets sur les maladies infectieuses liées au climat. L’arrivée du moustique tigre a déjà été largement médiatisée avec l’apparition en métropole de maladies jusqu’alors inconnues, comme le chikungunya ou la dengue. Or ces maladies des pays pauvres ont jusque-là peu intéressé les laboratoires pharmaceutiques. Et nous ne disposons ni de médicaments, ni de vaccins efficaces. Cependant, certains chercheurs estiment que la population mondiale pourrait être touchée par ces maladies transmises par les moustiques dans un futur proche à hauteur de 45 à 60%.
Des maladies actuellements ous-estimées, comme la maladie de Lyme, pourraient voir le nombre de cas fortement augmenter du fait de la prolifération des tiques dans des zones exemptes il y a encore peu.
Réchauffement climatique et pollution sont deux facteurs qui font exploser le nombre de personnes atteintes de toutes sortes d’allergies et d’asthme. Songeons que nous évaluons aujourd’hui le nombre d’asthmatiques dans le monde à plus de 300 millions et que ce chiffre augmente d’année en année. Il ne faut pas oublier non plus les animaux que nous côtoyons et que nous élevons pour notre consommation. Chez eux aussi, il existe une recrudescence de certaines maladies presque disparues en Europe du fait de la remontée vers le Nord des moustiques et autres parasites qui les transmettent. Pour exemple, le virus de Schmallenberg, qui serait originaire d’Afrique, cause une nouvelle maladie infectieuse des ruminants (vaches, moutons, chèvres) apparue en 2011 à Schmallenberg, en Allemagne. Les animaux affectés produisent moins de lait et donnent naissance à des petits malformés.
Un accès à l’eau de plus en plus difficile, avec une pénurie d’eau salubre, va augmenter le risque de maladies diarrhéiques qui tuent déjà près de 600 000 enfants âgés de moins de 5 ans chaque année.
Le changement climatique aura également des répercussions sur la production alimentaire. Une étude récente mentionne déjà une baisse de la production des cultures vivrières qui pourrait atteindre 50% dans certains pays africains d’ici 2025. Il en résultera une fréquence accrue de la malnutrition et de la dénutrition.
Tout cela contribue à l’augmentation du nombre des réfugiés climatiques, estimé à l’horizon 2050 à 250 millions de personnes.Ils seront obligés de se déplacer et il faudra les accueillir dans des zones plus clémentes.
Au-delà des mesures adoptées lors de la Cop21 concernant la baisse des émissions de dioxyde de carbone, il y a urgence à comprendre que nous vivons tous sur une même planète et que les vecteurs des maladies infectieuses ne connaissent pas les frontières.
La faiblesse des moyens accordés aux politiques de santé publique dans le monde est particulièrement alarmante. Il convient dès aujourd’huid’aider les pays les plus exposés à renforcer leurs capacités sanitaires afin d’atténuer leur vulnérabilité vis-à-vis du changement climatique.
Par ailleurs, il est nécessaire que les États définissent et imposent les axes de recherche prioritaires à l’industrie pharmaceutique où la loi du profit maximal règne en maître au détriment des objectifs de santé publique. En effet, en 2015, les bénéfices des vingt premières firmes mondiales ont représenté 128 milliards de dollars, soit 25% du montant de leurs ventes.
Alors que seuls 95 milliards, soit 19% de ce même montant, ont été dépensés en recherche et développement.
Mais il s’agit aussi que chaque citoyen de la planète s’investisse au quotidien en étant aussi attentif au climat qu’à sa santé en adoptant l’adage : « Mon climat, ma santé ».
Dr Christophe Prudhomme
Les faits mis en avant par l’Organisation mondiale de la santé le 1er février 2018 :
- Le changement climatique influe sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé : air pur, eau potable, nourriture en quantité suffisante, sécurité du logement.
- Entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que le changement climatique entraîne près de 250 000 décès supplémentaires par an, dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur.
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