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Climat. Les paysans sont en première ligne

Alors que la souveraineté alimentaire devient une question vitale pour les peuples, la France et l’Europe soumettent les paysans et les consommateurs aux conséquences de la spéculation sur des denrées comme le blé, la viande et les produits laitiers.

Cet été, le dossier de Vie nouvelle était consacré aux enjeux climatiques. Depuis, les incendies aux États-Unis, au Canada et en Europe ont détruit beaucoup de végétation et réduit la capacité des forêts à stocker du carbone. Les inondations provoquées par la mousson en Inde et dans d’autres pays ont fait des morts, détruit des cultures, endommagé des infrastructures,tandis que des productions agricoles ont été perdues. Les dégâts que ne manqueront pas de produire les cyclones et autres ouragans de cet automne vont encore venir alourdir ce bilan planétaire.

En France, le monde paysan est durement impacté par les aléas climatiques de cette année 2018. Trop de pluies en hiver et au printemps, puis des épisodes de grosse chaleur ont réduit sensiblement les rendements céréaliers.

Des rendements en baisse

La sécheresse estivale a transformé les prairies en paillassons, obligeant les éleveurs à entamer,dès l’été,les réserves de fourrages prévues pour l’hiver. Les grêles ont provoqué des pertes de récoltes dans certains vignobles et vergers.Ces intempéries interviennent après trois années de prix trop bas pour le blé, le lait, les viandes bovines, ovines et porcines, tandis que des épisodes de grippe aviaire ont affecté la rentabilité des élevages de volailles.

Coûts de production non rentabilisés

Avec la mondialisation des échanges sur fond de baisse des tarifs douaniers, une offre mondiale de blé, de sucre et de produits laitiers supérieure de 3 à 4% à la demande solvable a fait chuter les prix agricoles de 20 à 30% durant trois ans. De juillet 2016 à juin 2018, le prix du blé rendu au port de Rouen pour l’exportation a toujours oscillé entre 170€ et 150€ la tonne. Ce prix, plus bas de20€ au départ de la ferme, ne permettait pas de dégager un revenu décent. Comme la récolte 2018est en baisse sensible en Europe de l’Ouest, en Russie, en Ukraine, aux États-Unis et au Canada,le prix de la tonne de blé rendue au port de Rouen atteignait 211€ dans la seconde quinzaine d’août.En cas de pénurie mondiale,il pourrait encore monter sensiblement.

Concernant le lait de vache, le prix du litre au départ de la ferme oscillait selon les saisons entre 35 et 38 centimes en 2014, dernière année des quotas par pays qui régulaient les volumes de production en Europe depuis 1984. Avec la sortie des quotas, l’Europe promettait aux éleveurs laitiers de s’enrichir en vendant plus de beurre,de poudre et de fromages sur les marchés internationaux. Il a suffi que la production européenne augmente de 3% en 2015 pour que le prix du litre au départ de la ferme tombe à 32 centimes, puis 28 centimes au printemps 2016. En mai 2018, ce prix plafonnait à 30,6 centimes contre un prix moyen de 37 centimes pour toute l’année 2014.

Des paysans ruinés

Avec la sécheresse de cet été et le manque d’herbe, le prix de revient du litre de lait augmente sensiblement. Mais les laiteries refusent de payer davantage, faisant valoir que le stock de poudre de lait écrémé demeure trop élevé après trois années de légère surproduction. Dans ce contexte, le manque de fourrage conduira des éleveurs laitiers, comme de bovins à viande, à vendre plus d’animaux que prévu. Ce qui fera baisser les prix de la viande bovine sur les champs de foire comme dans les cotations en salles de vente.

En laissant le marché mondialisé ruiner les paysans, les décideurs politiques français et européens renoncent aussi à toute idée de souveraineté alimentaire pour les consommateurs en ce XXIème siècle confronté aux conséquences du réchauffement climatique.

Gérard Le Puill


Experts ou criminels de guerre économique ?

Chaque année à la fin du printemps, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et la Food agriculture organisation (FAO) publient un gros rapport sur l’évolution de la demande en produits agricoles et sur celle des prix des principales denrées à l’horizon de dix ans. Consultables sur internet, les « Perspectives 2018-2027 » nous disent que la demande mondiale en viande et poisson augmentera de 15% en dix ans, avec une consommation de grain en hausse de 18% pour la seule nourriture du bétail.

Les conséquences du réchauffement climatique et de la déforestation n’étant jamais prises en compte, ce rapport promet que « les prix réels de la plupart des produits agricoles devraient baisser » dans les dix prochaines années. Une conclusion tirée de 1 000 simulations sur ordinateur par des gens qui, en 2007-2008, n’avaient pas vu venir les «émeutes de la faim» dans les pays pauvres. Ces « experts » seraient-ils des criminels de guerre économique qui s’ignorent ? La réponse s’imposera si leur expertise est démentie par les faits dans les prochains mois.


 

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