Les députés de la majorité, contre l’avis de l’opposition de gauche comme de droite, ont donné leur feu vert à la privatisation des aéroports de Paris. Après celles de Nice et de Toulouse, mais aussi des barrages hydrauliques, de l’énergie, de la SNCF et de la Française des jeux, ils privent ainsi l’Etat de ressources importantes pour les offrir au privé. Il faut les empêcher de poursuivre le démantèlement des industries construites avec l’argent public, notre argent. Le communiqué de la CGT.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le projet de loi PACTE est actuellement en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale. L’une des mesures du projet de loi est un véritable scandale d’État : la privatisation d’Aéroport de Paris (ADP).
Le ministre de l’Économie justifie ce choix ainsi : « le rôle d’un État stratège n’est pas de toucher des dividendes sur les activités du XXème siècle mais de financer les activités du XXIème siècle. »
En vérité, vendre ADP n’est qu’une privatisation visant à piller la richesse de l’État dont pourrait profiter les citoyens pour l’offrir à des intérêts privés et amis du pouvoir. Cette privatisation viendra s’ajouter à tous les autres détournements massifs d’argent public comme, par exemple, la privatisation des autoroutes.
Le devenir des aéroports, s’agissant de l’artificialisation des sols, de l’évolution du trafic aérien n’est-il pas un enjeu du XXIème siècle en lien avec la transition écologique qui devrait conduire à une autre politique des déplacements et des transports ainsi qu’à une autre politique industrielle liée notamment au développement des services publics, des droits des salariés et de tous les droits sociaux ?
Par ailleurs, sur la question du financement des entreprises, faut-il rappeler que, chaque année, ce sont près de 200 milliards d’euros qui sont donnés aux entreprises sans contreparties et dont l’efficacité économique, sociale et environnementale est quasi nulle. La vente d’ADP rapporterait moins de 10 milliards d’euros à l’État… Au lieu de vendre l’ADP, un bien stratégique et un bien commun financé également par l’impôt, ne faudrait-il pas enfin mettre à plat les 200 milliards d’euros d’aides aux entreprises et les conditionner à des objectifs répondant à l’intérêt général ?
Cette privatisation d’ADP a lieu alors qu’hier la CGT avec d’autres syndicats (FSU et Solidaires) saisissait le tribunal de commerce de Paris sur la privatisation de l’Aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB). Cette opération de privatisation fut effectuée en 2015 lorsque Macron était ministre de l’Économie. L’État céda 49,99% des actions pour 308 millions d’euros à un investisseur privé Casil Europe dont la holding se trouve à Hong Kong et signa en même temps un pacte d’actionnaire engageant l’État à suivre toutes les décisions du nouvel actionnaire au Conseil d’Administration. Ainsi, ce qui pourrait paraître une privatisation partielle est en réalité une privatisation tout court !
Le bilan aujourd’hui de la privatisation d’ATB est une catastrophe et devrait alerter gouvernement, élus locaux et parlementaires sur les choix à opérer concernant ADP.
En effet, Casil Europe s’était engagé à investir 850 millions d’euros. Or, à ce jour, les investissements ont été réalisés à partir des fonds propres de l’ATB et Casil Europe n’a rien investi de plus. Côté social, nous sommes face à une baisse du nombre de salariés alors que l’aéroport s’est agrandi et que le nombre de vols a augmenté. Les conditions de travail se sont dégradées ainsi que le service rendu aux usagers, sachant qu’en plus le prix du parking augmente très souvent. Côté riverains, Casil Europe a décidé de développer les vols de nuit.
Enfin, Casil Europe agit comme un prédateur financier : il s’est versé 30 millions d’euros de dividendes qu’il a puisé pour partie dans les réserves d’ATB et projette de revendre ses actions pour un montant de 500 millions d’euros, réalisant au passage une plus-value de 200 millions d’euros – ce que la CGT veut bloquer en justice en demandant le séquestre des actions de Casil Europe.
Le ministre de l’Économie se pose régulièrement en défenseur des intérêts français. Au-delà de l’affichage médiatique, ce sont les décisions prises qui font la preuve des véritables intentions.
Conformément à la Constitution et à la loi relative aux responsabilités locales de 2004, les aéroports sont d’intérêt national et international et ne doivent pas être privatisés !
Montreuil, le 14 mars 2019
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