Au terme d'une semaine de congrès, les orientations arrêtées, une nouvelle direction élue, Philippe Martinez réélu secrétaire général, les 1000 délégué-e-s rejoignent leurs familles. Les rapports et les interventions ont fait vivre les luttes menées et à venir, les interrogations, les différences d'appréciation, voire les divergences. Avec l'objectif in fine de se retrouver pour faire face aux politiques d'Emmanuel Macron qui saccagent le pays, son industrie, son modèle social, son avenir...
Dans on rapport introductif, Philippe Martinez a pris le temps d’un inventaire complet des réformes et mesures qu’ont subi salariés et retraités ces dernières années et des actions menées par la CGT pour s’y opposer et formuler des propositions. Car on ne peut selon lui protester sans proposer. De fait la CGT aura été de tous les combats, sous la présidence de Hollande comme celle d’Emmanuel Macron.
Or, dans le même temps et malgré cette activité soutenue qui rejoignait les attentes d’une majorité de la population, la CGT a vu ses effectifs baisser et cédait la place de première organisation syndicale dans le privé à la CFDT. C’est l’un des paradoxes que devront éclairer les débats du congrès.
De façon plus générale c’est le syndicalisme qui semble mis en cause. Patronat et gouvernements se sont efforcés de ne rien céder aux luttes revendicatives ces dernières années. De très fortes mobilisations en 2010 contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, contre la loi Travail ensuite sous François Hollande, contre les Ordonnances Macron récemment, n’ont pas empêché ces gouvernements de droite et de « gauche » de porter un coup sévère aux intérêts des salariés et des retraités comme aux syndicats eux-mêmes. De quoi faire douter de l’utilité de se syndiquer.
Un second défi interroge le syndicalisme : le démantèlement des grands services et entreprises publiques, la précarisation de l’emploi, l’émiettement des lieux de travail, toutes choses peu propices à l’organisation et à l’action collectives. Comment ancrer l’activité des syndicats au cœur même du travail et des nouvelles problématiques soulevées par la numérisation de la production et des services ?
Et il faudra aussi, et c’est ce à quoi invite Philippe Martinez, s’interroger sur le fonctionnement de la CGT. En l’état favorise t-il l’accueil, l’orientation et l’intégration de nouveaux adhérents ?
Le mouvement des gilets jaunes ne manque pas de soulever d’autres questions à la CGT. Des réticences subsistent sur la nature et la composition de ce mouvement. Mais il paraît désormais clair que ce mouvement est animé par des revendications très proches de celles portées par la CGT. Des convergences sot-elles possibles ?
Nombreux sont les militants qui y croient et qui expérimentent avec succès des rapprochements. Avec un constat essentiel : ce mouvement touche très peu d’entreprises, bien que l’on retrouve beaucoup de salariés sur les ronds-points. Et il semble bien qu’une des raisons du rejet des syndicats par une partie des gilets jaunes soit liée à l’absence de syndicats dans leur entreprise. Philippe Martinez a d’ailleurs souligné l’urgence pour la CGT de déployer son implantation dans les petites et moyennes entreprises du pays, où l’exploitation est souvent plus dure.
On le voit les interrogations ne manquent pas même si la combativité des délégués, femmes et hommes, est intacte.
Nous reviendrons sur les principaux moments du congrès et les orientations adoptées.
Pascal Santoni
C
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis