Les discussions autour de la réforme des retraites ont débuté en décembre 2017. Deux ans de mensonges et d’enfumage à partir d’une feuille de route bétonnée par le gouvernement. La Cgt n’a eu de cesse de proposer un autre projet. Catherine Perret, membre de la direction confédérale, en charge des retraites, revient sur deux ans de négociations.
Les discussions autour de la réforme des retraites ont débuté en décembre 2017. Deux ans de mensonges et d’enfumage à partir d’une feuille de route bétonnée par le gouvernement. La Cgt n’a eu de cesse de proposer un autre projet. Retour sur un formidable jeu de bonneteau. Catherine Perret, membre de la direction confédérale, en charge des retraites, revient sur deux ans de négociations.
« En avant pour le grand bond en arrière ». Le regretté François Bérenger se doutait-il lorsqu’il composa cette chanson,en 1997,qu’elle concernerait aussi la réforme des retraites initiée par Emmanuel Macron ? Quoi qu’il en soit, c’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. Un formidable recul social n’épargnant personne. « Depuis décembre 2017, nous avons vu Mr Delevoye tous les 15 jours. Dès le début des discussions, les dés étaient pipés. Très vite, lorsqu’il nous a dit que sa mission était de mettre en place une réforme de retraite par points, nous avons compris qu’il n’y aurait pas grand-chose à négocier »,résume Catherine Perret, qui conduit la délégation CGT.
Pour le gouvernement, il s’agit d’instaurer un système de retraites dont le seul but est de baisser drastiquement le niveau des pensions, y compris celles des retraités actuels. Pour la Cgt et les autres syndicats tels que FO, la FSU, SUD et la CFE-CGC, il s’agit de négocier un autre projet visant d’abord à améliorer le système actuel. C’est donc bien deux projets, deux visions de la société qui s’affrontent et qui expliquent l’âpreté du combat et l’ampleur des grèves et des mobilisations.
La technique de l’écran de fumée est un grand classique dans des négociations de ce type. Gouvernement et patronat savent s’y prendre. Mais personne n’est dupe. En tous cas, pas la Cgt : « À notre demande, Mr Delevoye a rencontré les syndicats allemands, belges, italiens et suédois qui nous avaient alertéssur les dangers d’une catastrophe annoncée pour tout le monde,si le gouvernement français persistait dans sa logique ».
Qu’en a retenu le Haut-commissaire ? Rien, absolument rien. Il persiste et signe. « Toutes nos propositions visant à améliorer le système actuel étaient systématiquement rejetées », raconte la dirigeante syndicale. Pas une once de grain à moudre ? « Même pas. Dans toutes les réunions thématiques bilatérales, nous avons assisté à un véritable jeu de dupes. Certes, Jean-Paul Delevoye admettait bien que telle ou telle de nos propositions était juste (égalité des salaires femmes/hommes, chômage, exonération des cotisations sociales) maisqu’il s’agissait de questions liées au travail et que leur prise en compte ne rentrait pas dans le cadre de la réforme des retraites. »(cf. l’intégralité des propositions CGT sur le site www.cgt.fr).
Les discussions avec le Haut-commissaire n’auront-elles donc servi à rien ? À en croire le gouvernement, elles auraient constitué un formidable exemple de dialogue social. Du jamais vu. À la mi-juillet 2019, Patatras ! Le rapport de celui qui allait devenir un éphémèresecrétaire d’État aux retraites ne comportait aucune des propositions syndicales. Ce que souligne avec force Catherine Perret : « Nous le pressentions.Ce rapport était ficelé dès le départ. Pas une ligne n’a bougé à l’issue des 18 mois de rencontres. Ni sur l’injuste et dangereux système à points, ni sur les paramètres permettant de l’équilibrer. Aucune de nos propositions n’a été reprise. Ces deux années n’ont été qu’une parodiede dialogue social ».
La suite a donné raison à la responsable syndicale. Il reste juste à discuter la couleur de la corde avec laquelle les salariés et les retraités seront pendus... Quoi qu’il se passe désormais, ces deux années ont permis aux syndicats, à la Cgt particulièrement, de faire comprendre les dangers de cette réforme. Pour Catherine Perret, « l’action de la Cgt a aussi été déterminante pour l’unité syndicale et celle des salariés, quels que soient leurs statuts et leurs origines. Elle a permis d’ouvrir le débat sur un autre projet ». La fin de l’histoire n’est pas écrite.
Michel Scheidt
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