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Jacques Bertin, un chanteur qui nous interpelle

La pandémie et le confinement vont priver des milliers d’artistes de leurs rendez-vous avec le public, souvent leurs seuls moyens de subsistance. Nous avions rencontré Jacques Bertin, un chanteur pour qui la chanson doit parler de la vraie vie, chanteur que le show-business ignore. Ecoutons-le.

Dites-nous en un peu plus sur votre parcours de jeunesse entre le journalisme et la chanson. Comment passe-t-on de l’un à l’autre ? N’était-ce pas deux façons finalement proches de parler de la vie « vraie » ?

J’ai fait l’école de journalisme de Lille… Mais je n’ai pas fini la 3e année pour devenir chanteur. Mon premier disque est sorti en 1967. Tant bien que mal, j’ai vécu de ce « métier ». Les circonstances m’avaient fait rencontrer Bernard Langlois, le fondateur de Politis. Il m’a proposé de venir travailler pour son journal, au service Culture. J’en suis devenu le chef de service avec une chronique hebdomadaire, Malin Plaisir. J’ai donc appris là, sur le tas, le journalisme avec toutes ses contraintes.

Le légendaire conflit Lip vous a inspiré une chanson, À Besancon, dont un des vers interroge : « Est-ce qu’il est digne de saluer la classe ouvrière de loin quand, peut-être, tes vers, elle n’y comprendra rien ? ». Que signifie ce « peut-être » ?

Étant moi-même issu de milieu populaire, je n’ai aucun doute sur le fait que la classe ouvrière comprend, ressent, apprécie la poésie. Mais c’est pourtant le contraire que certains dans le métier pensaient et me disaient : « Tes sujets et tes textes sont trop compliqués, trop hermétiques. Ils ne comprendront pas… Claude François ou Johnny oui …Mais toi !!!! ». Ce « peut-être » évoque donc ce qu’on disait autour de moi et non pas ce que je pense.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre domaine de la chanson ?

Nous assistons, aujourd’hui, à la victoire historique du show-business et de ce que j’appelle l’industrie culturelle sur la parole artistique. Notre espace - je parle de celui laissé à notre création - est très réduit. Des chanteurs comme moi ont très peu de travail et jamais dans les salles de la culture institutionnelle. Des centaines, comme moi, ne passent jamais à la radio, excepté les radios associatives. Il y a bien sûr des gens qui luttent contre ça. Ils sont ultra minoritaires.

Et le ministère de la Culture ?

Le ministère de la Culture n’a jamais pris en compte la chanson… ni même reconnu son existence. Il l’a totalement laissée aux mains des industriels de ce domaine. Observez que ce n’est pas le cas pour le théâtre ou la peinture…

Tout cela ne mérite-t-il pas engagement ? Vous avez été adhérent du Syndicat français des artistes, affilié à la Cgt…

Oui, j’étais même à son Conseil national quand, en 1981, surgissent les évènements de Pologne. Avec un certain nombre de copains syndiqués, nous nous sommes réunis et avons considéré que notre syndicat devait prendre position, par un communiqué, en faveur des libertés syndicales.
Peine perdue, les responsables du bureau national ont refusé d’en discuter, arguant que cette question n’était pas inscrite à l’ordre du jour !... Je leur ai donc dit :« Au revoir ».

Ma rédaction me permettra d’évoquer à ce propos un souvenir personnel. J’étais à l’époque secrétaire général de l’Union départementale CGT de Seine-et-Marne. Nous avons organisé et tenu un débat à propos des mêmes évènements. Plus de 250 militants sont venus questionner et s’exprimer… Mais revenons au présent. Que vous inspirent ces deux années passées qui ont vu bien des bouillonnements aussi inattendus que fondamentalement justifiés ?

Je ne sais pas. À mon âge, en fonction de mes activités, loin de tout ça, je suis plutôt dans l’esprit de ne pas prendre position. Je ne suis ni un censeur ni un flic. Ce que je sais, c’est que nous ne sommes pas face aux derniers soubresauts d’une société qui va mal. Nous sommes dans une société capitalistique qui va mal et avance dans une très mauvaise direction.

Propos recueillis par Pierre Corneloup

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