Elles et ils vivent avec inquiétude la propagation du virus, indignés par les écrits et les propos qui les traitent de privilégiés, mais bien décidés à défendre leurs retraites pour pouvoir vivre dignement de leur pension. Neuf témoignages lucides et émouvants de retraités recueillis par les journalistes de Vie Nouvelle…
« Avoir un pouvoir d'achat trop faible, c'est renoncer en permanence. Renoncer à la liberté de se déplacer facilement, plus de voiture individuelle, trop chère. Renoncer à une partie de ses activités culturelles, aux repas au restaurant avec les amis, à une alimentation plus qualitative… J’ai une petite retraite car une carrière incomplète.
« Mon souhait ? D'abord alléger cette charge mentale qui m’oblige à jongler et à contrôler des envies pourtant modestes. Arrêter de faire les courses dans les supermarchés discount, en regardant mes chaussures pour e concentrer sur ma liste et éviter les tentations. Quelques centaines d'euros suffiraient pourtant pour me redonner une vie plus simple. Pour moi, la vraie solution serait que les retraites de base soient plus élevées et qu’elles évoluent, bien sûr, comme le coût de la vie. »
« Regagnons la Sécu ! Depuis le début de la crise sanitaire, heureusement que nous avons encore la Sécurité sociale. Sinon la situation des gens serait bien pire.
« Je ne peux imaginer l’avenir sans une protection sociale de haut niveau. Elle a été trop abimée par les gouvernements successifs qui ont failli. Les mesures, comme le remplacement des cotisations sociales par l’impôt - dont la CSG fait partie - ont dévitalisé notre bien collectif. Nous avons trop laissé faire. Les sans profits que nous sommes doivent le reprendre en mains.
« Panthéoniser Ambroise Croizat, c’est bien. Défendre et prolonger son œuvre en l’adaptant aux conditions actuelles, c’est encore mieux. La protection sociale, dont la Sécurité sociale est le cœur, est l’enjeu majeur des prochains combats. Mon rêve ? Les gagner. »
« Pas touche à la pension de réversion ! Avec mon mari, nous avions prévu de profiter de notre retraite, mais il est décédé juste après ses 60 ans. Ma petite pension ne me permettrait pas de vivre, si je n’avais pas la réversion. Les frais de la maison sont les mêmes et avec les augmentations du début d’année, mutuelle, assurance, électricité, chauffage, les fins de mois ne sont pas faciles.
« Comme si cela ne suffisait pas, j’ai eu la mauvaise surprise de ne plus bénéficier du dégrèvement de la Taxe l’habitation du fait que mon fils est revenu vivre à la maison.
« Alors, quand j’ai entendu que le Gouvernement voulait s’en prendre à la pension de réversion, ça m’a fait bondir. Pour moi, il n’en est pas question. Je n’accepterai pas la double peine. Comme je l’ai toujours fait, je me battrai contre cette injustice. À juste titre, nos retraites doivent être revalorisées. En attendant, un coup de pouce de 100€ par mois, ce ne serait pas de refus. »
A SUIVRE...
La vie de Madeleine Riffaud est un hommage à la résistance sous toutes ses formes et en toutes circonstances. Le 2ème tome de ses mémoires en images est paru ! Editions Dupuis